Quel rapport entre une ville aussi large et bigarrée que Los Angeles et le Delta du Mississipi ? Ben voyons, The Johnny Hawthorn Band, bien sûr. Guitariste originaire de Philadelphie, Johnny Hawthorn a rejoint la côte Ouest des Etats Unis afin de mieux se faire connaître. Avec un premier album sorti en 2006 sur le label indépendant Abe’s Records et intitulé tout simplement "Johnny Hawthorn Band", le musicien et son groupe nous proposent leur dernière création "Death And Taxes", encore une fois distribuée par l’intermédiaire de ce label.
Johnny Hawthorn rallume la chaudière à nouveau en formule trio, avec cependant quelques invités comme la chanteuse Nicole Gordon ou bien encore le claviériste Carl Byron. Cette triplette américaine donne dans le blues traditionnel et bien coloré sous les neuf titres composés sur "Death And Taxes". Si la première lecture peut se révéler assez anodine, il est très important de préciser rapidement que ce nouvel album prend toute sa consistance au fil des écoutes.
Le blues à fleur de peau, Johnny Hawthorn en distille sous plusieurs aspects, surtout par la superposition de sonorités acoustiques et électriques. Si le premier titre "Punk In The Street" s’inspire ouvertement d’un rock US assez proche de John Cougar ou Tom Petty, le lascar fait preuve d’une bonne expérience et surtout d’un feeling embrasé qui le poussent sur le terrain de prédilection d’un Georges Thorogood. Des titres rapides et saccadés comme "Death And Taxes", saupoudré d’harmonica, suivi de l’instrumental survolté "Bamboozled" balancent plutôt bien dans le plus pur style de l'American Blues. La guitare de Johnny Hawthorn y règne en grande prêtresse car précise et incisive comme l’exige le genre.
La suite évolue dans un mélange de style toujours sous l’influence du blues. La ballade fondante nappée de country "Losing My Game", le doux et feutré pétri de jazz "When I Kiss You" font preuve d’une belle ouverture d’esprit de la part de Johnny Hawthorn. Mais le trio frappe fort au contact d’un "In My Time Of Dying", gavé de guitare slide et de surcroît taillé pour la scène, ainsi qu’avec "Cold Hearted Woman" dans une veine certes très traditionnelle mais claquante sous les descentes d’un bottleneck fort bien manié. D’autant que les accords robustes et cinglants sur la seule guitare sèche de Johnny Hawthorn résonnent comme une véritable profession de foi sur un "Traveling Roadside Blues" puissant et poignant.
Seule petite frustration au tableau dépeint sur les rives du Delta, ce dernier titre instrumental en forme de finish alors qu’il aurait logiquement pu introduire un long blues axé sur la guitare virevoltante et pleine de feeling de ce bluesman décidément talentueux. Cette nouvelle production tourne rond, même si le propos sincère qu’il fait résonner n’a rien de foncièrement original. Mais Johnny Hawthorn a du potentiel et il le démontre clairement avec "Death And Taxes". Même si ce groupe de blues encore bien jeune ne dispose évidemment pas de la carrure des grosses pointures de ce mouvement ancien, ce nouvel album draine un entrain des plus prometteur à ces musiciens qui vivent tout simplement leur passion à l’unisson de cet inépuisable "bon vieux blues".