C'est nul. C'est en ces termes lapidaires que j'aurais pu vous résumer un avis pourtant construit à force d'assiduité et d'objectivité sur ce premier opus des Research Turtles. Mais je ne peux pas. Car une chronique de deux mots, même si elle dit tout, n'est pas acceptable (question de respect, bien entendu - de crédibilité de votre site favori, également). Il y a une autre raison qui me pousse à développer ce cri du cœur, c'est 'Break my Fall', le morceau de clôture et 'Let's Get Carried Away', celui d'ouverture. En atteignant péniblement l'acceptable, ils relèvent le niveau et m'obligent à rentrer dans le détail.
Les Research Turtles nous livrent ce premier opus après deux EP. Je ne pense pas que vous ayez besoin d'en savoir plus sur leur histoire palpitante, si ce n'est qu’ils sont très fortement ancrés dans les années 60. Cela va jusqu'à utiliser un look fortement calqué sur les Beatles et les... Turtles - ceux de 'Happy Together' - à qui ils empruntent également le statisme scénique des débuts (les vidéos sur leur myspace sont édifiantes, on est presque surpris d'apercevoir un public au détour d'un plan de caméra). La formation évolue donc logiquement avec le carré basse-guitare-batterie-guitare, les frères Norman assurant par dessus ça un chant sans saveur.
Passé un 'Let's Get Carried Away' qui a collé à votre serviteur un sourire bienveillant et confiant (uniquement grâce à un refrain potable) la situation se dégrade, le maitre mot de cet objet étant la passivité. Si tout est correctement exécuté, avec un son digne des leaders du genre et, soyons honnêtes, quelques leads de guitares empruntant à la britpop à peu près réussis, chacune des composition nous donne une nouvelle vision de la notion de minimum syndical (notion déjà bien chamboulée à la vue de l'atroce pochette). Arrangements de survie, mélodies absentes, aucune inventivité ni prise de risque hormis 'Tomorrow' qui présente un reggae sympathique, pas le moindre caractère dans l'un des instruments. Le bilan est lourd.
Sans être véritablement honteux (certains lecteurs pourront me trouver dur lors d'une première écoute du bousin), cet album est désespérément inintéressant. Même les passages un peu au dessus (le riff d'intro de 'Break My Fall') sont convenus et n’ont pas les moyens de retenir une attention passablement fragile. Je l'aurais oublié, ainsi que le groupe, dans une semaine, et je défie quiconque de passer plus de temps à ronger cet os nu. Research Turtles nous prouvent ici que n'importe qui peut désormais faire et vendre de la musique. Pour les esthètes et les milliardaires, cette perspective peut s'avérer réjouissante. Pour ceux qui, comme moi, ne disposent ni de temps ni de ressources illimités, c'est autre chose.
Pour terminer sur une note positive, signalons que les Research Turtles vendent leur album sur le net, et qu'il est possible de télécharger les pistes à l'unité (le lien est sous la formation, en bas de page). Je vous invite donc à vous procurer 'Let's Get Carried Away', 'Tomorrow', et 'Break My Fall'. Trois chansons, trois points.