Les hollandais de US, dont on sait que la carrière, bien que débutée en 1975, n'a vraiment décollé qu'en 2001 avec un premier album dans les bacs, sortent en cette année 2009 leur septième opus. Et comme l'indiquait Tonyb, éminent spécialiste de la musique progressive et plus particulièrement du néo prog, US est toujours bloqué dans les années '70. Non pas que ce soit forcément gênant, mais il est important pour le lecteur en quête de quelques informations sur ce disque de savoir cela.
La nouveauté chez US est à chercher du côté de la formation, qui a fortement évoluée. En effet, le nombre de musiciens a fondu comme un cône dans la bouche de Lady Gaga, et seul l'ancien, le boss, Jos Wernars est resté. Il a donc fait tout ou presque, ne laissant que quelques miettes au chant à sa sœur, Marijke Wernars. En termes de composition, Jos Wernars avait déjà tendance à s'approprier le sujet, mais pour le reste, il était surtout guitariste et bassiste. Autant vous dire qu'il a considérablement élargi son domaine de compétences.
Si l'on excepte le chant, dans lequel JW ne brille pas particulièrement, avec une voix ne lui offrant que peu de possibilités de s'exprimer, l'ensemble des instruments est correctement géré, mais guère plus. En particulier les claviers, qui dans ce style de musique ont souvent été confiés à des virtuoses apportant non seulement un véritable instrument d'orchestration, mais aussi des envolées solistes élaborées et envoûtantes. Le meilleur exemple, le titre Everything Changes, qui se termine sur une partie instrumentale plus que laborieuse. Manque d'inspiration ou manque de capacités techniques ?
Des 7 titres constituant le disque, 3 sont très courts et forment une petite somme d'interludes nommés After This, After That et After All. Il reste donc 4 longs morceaux (dont 2 de plus de 16 minutes). Du classique dans le Rock Progressif, mais cela suffit-il à affirmer un style ?
Globalement, l'album Eveything Changes est calme. Certes, vous aurez droit à quelques passages un peu plus enlevés et aux rythmes un peu plus soutenus, mais rien de folichon. Même l'intro de When the Deep Looks Back, qui laisse augurer d'un titre qui va nous réveiller, voit le chant tout gâcher. Toujours ces maudites limites qui ne permettent pas de sortir d'une ligne de chant raisonnable, et donc sans surprise. Ce disque servira au moins à ceux qui doutaient de l'importance du chant dans les grandes formations (existe-t-il un grand groupe de Rock Progressif sans grand chanteur ?). On aurait-pu penser que l'apport de Marijke Wernars serait prépondérant, mais elle n'intervient qu'une fois, dans le titre Everything Changes précédemment cité et avec parcimonie…
N'enlevons pas quelques bons moments, tous instrumentaux, qui font penser que ce groupe réduit à sa plus simple expression, gâche les talents d'un compositeur qui ne peut pas développer ses idées comme il le souhaite, faute de moyens. Jos Wernars ferait bien de s'entourer ne serait-ce que de musiciens de studio, ou, au moins d'un bon chanteur, quitte à continuer d'assurer tout le reste, tant pis pour les claviers… Les amateurs de Rock Progressif à l'ancienne y trouveraient certainement leur compte, US avec. Et cela permettrait peut être à Jos Wernars d'affirmer un style qu'il aime de toute évidence.