En 1982, la petite amie de celui que l’on appelait encore Rolf Magnus Joakim Larsson, et qui allait devenir un peu plus tard Joey Tempest, inscrivit le groupe FORCE à un tremplin Rock organisé par une maison de disque suèdoise. FORCE est alors composé, outre de ce dernier, du guitariste John Norum, du batteur Tony Reno et du bassiste John Levén. Celui-ci, après avoir rejoint le groupe pendant quelques mois échangea de poste avec Marcel Jacob, alors bassiste de RISING FORCE, le groupe d’Yngwie MALMSTEEN. De manière très surprenante Levén rencontra des petits soucis relationnels avec Zigwigwi et les deux bassistes permutèrent à nouveau de poste.
Grace aux morceaux « In The Future To Come » et « The King Will Return », le groupe remporte ce concours (John Norum et Joey Tempest raflant au passage les distinctions de meilleur guitariste et meilleur chanteur) qui leur permet de se lancer dans une tournée et de réaliser un album. Le groupe en profite pour changer de nom et adopter celui de EUROPE et dans la foulée enregistre, en un week-end (généreuse la maison de disque, mais pas trop tout de même) son premier disque. Celui-ci rencontre un succès immédiat en Suède (#8 des charts) et au Japon où la chanson phare, « Seven Doors Hotel » est plébiscitée.
Le groupe donne alors dans un Hard Rock assez Heavy, presque dénué de tout clavier. Ici, seules deux intro sont faites au piano avec de très légères nappes de synthé en arrière plan. Les claviers n’apparaitront que timidement sur leur second album et de manière plus prononcée sur « The Final Countdown ». Si les deux stars du groupe, Tempest et Norum, se taillent la part du lion, nous sommes bien loin de la maturité et de la virtuosité dont ils feront preuve dès leur second opus.
Certes, les parties de guitares sont agréables comme sur le très bon « Seven Doors Hotel » et l’instrumental « Boyazont »), mais les guitaristes de cette classe se comptent alors à la pelle. Certes la voix de Tempest est très plaisante, mais il n’y a pas encore de quoi hurler au génie et les approximations et erreurs de positionnement sont légions (« In The Future To Come » ou « Word Of Wisdom »).
Bien que le groupe existe depuis plus de 5 ans, on le sent donc encore très jeune et très immature. Les compositions, écrites dans leur totalité par Joey Tempest à l’exception de l’instrumental, ne sont pas toujours abouties et surtout leur interprétation manque cruellement d’efficacité et de caractère. Certains arrangements sont faits à la truelle et certains soli, comme sur « Seven Doors Hotel » par exemple, débarquent sans aucune transition. On a d'ailleurs, parfois le sentiment d’écouter deux bandes scotchées l’une à l’autre de manière totalement irréfléchie.
Malgré tout, l’ensemble n’est pas foncièrement désagréable, mais à l’exception de « Seven Doors Hotel » et surtout de « The King Will Return », pas grand-chose ne ressort réellement du lot. Ce dernier titre est probablement le plus intéressant puisqu'il s'agit d'un mid tempo aux mélodies bien plus travaillées et originales que ce que l’on peut découvrir sur le reste de l’album.
EUROPE nous propose là un album honnête, mais que rien ne distingue réellement de la masse. Difficile en effet à l’écoute de ce premier opus d’imaginer l’évolution et la progression que connaîtra le groupe entre 1983 et 1984, date de sortie de l’excellent « Wings Of Tomorrow ».