Il n’est pas facile de se singulariser quand, comme Believe, on est un groupe polonais évoluant dans le genre néo-progressif. Le pays, on le sait, est une pépinière du genre, et recèle pléthore de formations aguerries, au sommet desquelles peuvent être cités Riverside ... ou Satellite, le “concurrent” né avec Believe du split de Collage.
Pour se distinguer, Believe ne pourra pas compter sur le style de ses compositions, sagement posé dans un néo assez conventionnel, mais soigné et agréable, un peu à l’image de leurs compatriotes de Turquoise. L’auditeur retrouvera dans ce This Bread is Mine des sections lorgnant vers Riverside, utilisant une rythmique assez dynamique sur fond de nappes de claviers planants (Problems Rise, ou Darkness avec ses phrasés chuchotés). L'album contient pas mal de clins d’œil vers Satellite également (And All The Roads), mais contrairement à celui-ci, le groupe ne se lance pas dans les grandes plages symphoniques. Il reste donc sur des soli laissant soit le violon soit la guitare en avant, ce qui laisse une légère impression de bridage, probablement en liaison avec une très discrète utilisation des claviers. Pour donner une coloration plus originale, la formation compte surtout sur la présence du violon et de celle d’une flûte tenue par Karol Wroblewski, qui a repris les vocaux après le départ du pourtant charismatique Tomek Rozycki. La section cordes est étoffée par la présence au violoncelle de Paulina Druch (And All the Roads, Mine). Le groupe s’est également offert les services du producteur anglais Andy Jackson, célèbre pour avoir travaillé avec le Floyd et David Gilmour. Côté son, il n'y a donc rien à dire, c’est au top : clair, précis, équilibré et dynamique.
Malheureusement, derrière cette belle vitrine apparaîssent des défauts qui fissurent largement les premières impressions : les vocaux tout d’abord, fort monocordes, légèrement anesthésiants à cause d'un certain manque de relief et laissant la désagréable impression à l’auditeur de ne pas être toujours justes. Curieusement, je les ai trouvés parfaitement placés sur le calme AA, mais manquant de précision à bien des niveaux sur les autres titres. Or le style musical, en s’appuyant beaucoup sur les cordes, réclame probablement une présence vocale impeccable, ce que Karol Wroblewski n’arrive pas (encore ?) à assurer. En outre, si le style est bien progressif au début de l’album, il se tourne graduellement vers une pop beaucoup plus convenue vers la fin, les quatre derniers titres se noyant dans un formatage peu apprécié des amateurs de prog. This is Life, par exemple, nous livre un refrain trop convenu, utilisant les grosses ficelles de la FM... Sans le violon aérien, on baignerait dans la soupe !
Impression mitigée donc à l’écoute de ce This Bread is Mine... Le fond n’est pas au rendez-vous pour laisser une impression positive, et il est à craindre que Believe se noie dans la masse des productions polonaises. Malgré le soin apporté dans la réalisation, l’album n’est pas déplaisant mais simplement oubliable...