Lucky Bastardz débarque fraîchement de l’écurie Swedmetal avec un premier album sous le titre assez évocateur de "Hated For Who We Are". Ce label très orienté sleaze / glam dispose d’un catalogue intéressant dans le genre coupe de cheveux peroxydés et rimmel en abondance. D’ailleurs même l’appellation de ce groupe italien rappelle une forme d’appartenance à ce mouvement hyper coloré grâce à la terminaison en "Z" (comme TigertailZ, par exemple, pour ne citer qu’eux).
Si effectivement Lucky Bastardz est un nom qui flirte sans conteste avec le glam rock, ce premier jet discographique s’inspire plutôt d’un hard "speed and roll" qui n’est pas sans évoquer un certain trio britannique répondant au doux nom de Motorhead. Fidèle à l’esprit de cette légendaire formation, le quatuor transalpin délivre avec force ce mélange de rock à la fois furieux et opiniâtre prêt à faire trembler les enceintes de toute chaîne stéréo digne de ce nom.
Il faut bien reconnaître qu’avec un chanteur au gosier aussi enflammé que celui-ci, à classer entre Lemmy et Wattie Buchan des Exploited, Lucky Bastardz ne fait de détails et envoie sévère d’un point de vue purement "décibellique". Doté d’un son brut et très compact, "Hated For Who We Are" contient largement de quoi satisfaire les adeptes de ce style de rock "fend la bise" et dont les textes très évocateurs recèlent tous les bienfaits et méfaits de la rock’n’roll attitude. Fort de ses treize titres dans l’ensemble bien balancés, Lucky Bastardz démontre une ferveur et un savoir-faire évident pour un premier album.
Bien sûr, le rock’n’roll reste la base de cette impétueuse galette, comme le prouve un titre aussi suggestif que "I’m A Rocker, Don’t Blame Me". Mais Lucky Bastardz sait aussi ralentir la cadence à bon escient pour ne pas tomber dans l’excès de morceaux rapides, en proposant quelques mid tempo bien trempés ("Captain Highway", "Flame Rock’n’Roll") sur lesquels la section rythmique s’avère particulièrement efficace. Ces tontons flingueurs n’hésitent pas non plus à tâter de l’acoustique à consonance bluesy, à l’image du très convaincant "Another Lbz Nite".
Bien que le tout-venant pourtant correctement distillé laisse un peu de dépôt au fond de la bonbonne, cette première production assez équilibrée ne souffre quasiment pas de temps mort si ce n’est à l’exception du relativement dispensable et redondant "Rotten Pussy". Cette bonne vielle recette qui consiste à clamer haut et fort que le rock n’est pas mort a encore de beaux jours devant elle. Certes Lucky Bastardz n’invente rien, mais parvient à arranger à sa sauce une formule sans secret au service du rock’n’roll pur et dur.