Dans le "petit" monde de la musique progressive, il existe quelques artistes complets, aptes à endosser diverses casquettes au gré de leurs envies. Certains, bien connus (et pour cause), se démarquent par leur talent hors normes. Parmi eux, des sommités comme Ihsahn ou encore Arjen Lucassen. D'autres, moins connus (et pour cause), peinent à maintenir la tête hors de l'eau et ne connaissent qu'une renommée rarement à la hauteur de leurs capacités. Parmi eux, Clay Withrow, Jeff Lane ou encore l'homme qui nous intéresse aujourd'hui : Scott Mosher.
Photographe, designer, multi-instrumentiste, voilà un créateur aux ambitions pour le moins diverses. Hélas, hélas, trois fois hélas, son talent n'est pas vraiment à la hauteur. Après plusieurs albums solo signés de son nom, il a choisi pour 2009 de s'associer au chanteur Scott Oliva (peu connu... et pour cause) afin d'élargir un tantinet le spectre de ses compositions. Malheureusement, on constate rapidement à l'écoute de cet album que l'association, sans se révéler catastrophique, n'apporte pas grand chose au style de Mosher. Son rock prog ambient teinté ça et là d'influences variées (de Rush à Dokken en passant par Fates Warning ou Asia), déjà plutôt formel et pas vraiment palpitant, ne bénéficie en rien de l'apport d'un chanteur.
Manifestement produit à la va-vite, avec les moyens du bord, The Shadowheart Mirror est une suite de morceaux faciles, aux enchaînements déjà entendus mille fois, auxquels le pauvre Scott Oliva essaie tant bien que mal d'apporter un peu de vie – en vain. Les capacités musicales de Scott Mosher sont de toute évidence élevées, mais le résultat est rapidement rébarbatif, et l'envie d'appuyer sur le bouton Stop pour se mettre un vrai disque n'attend pas la fin de l'album (pourtant court) pour se manifester.
Il serait injuste de blâmer l'artiste pour cet élan malheureux, ses précédents travaux solo ayant été plus convaincants, mais ce doux souvenir ne doit pas excuser la médiocrité d'une telle sortie. En 2009, l'auditeur est parfaitement en droit d'attendre davantage d'un album, qu'il s'agisse des compositions ou de la production. Mélange bâtard de rock atmosphérique et de métal prog "à l'italienne", le contenu de ce premier opus d'Oceans of Night ne restera probablement pas gravé dans les mémoires... On souhaite à Mosher de retrouver ses esprits au plus vite après les critiques probablement peu glorieuses que cet album risque de rafler, et de prendre soin, pour sa prochaine création, de peaufiner davantage son travail.