Totalement inconnu, tant sur le Vieux Continent que de l'autre côté de l'Atlantique (excepté dans leur Québec natal), les quatre joyeux lurons de Myxomatosis ne doivent cette chronique qu'à leur récente initiative : diffuser gratuitement leur album via leur site Internet. Sans quoi, et malgré le bonne chronique reçue dans les pages du vénérable magazine Classic Rock, gageons que leur premier album, éponyme, serait passé à peu près complètement inaperçu. Il est aujourd'hui plus que temps de mettre un terme à cette situation.
Car autant vous le dire tout de suite, ces jeunes musiciens d'une vingtaine d'années ont signé là l'un des albums les plus retentissants de l'année. Ce concept-album délirant raconte l'histoire d'un homme, employé lambda ayant le sentiment d'avoir gâché sa vie. Mais son existence change le jour où il contracte la myxomatose suite à une morsure de lapin : il se retrouve alors transporté en pleine fantasmagorie, dans une réalité parallèle au sein de laquelle il est confronté à ses rêves, à ses regrets, et à ses désirs. Délirant !
L'aventure aurait pu s'arrêter là : un concept farfelu, l'impatience pour ces jeunes de faire "comme les grands", la précipitation inhérente au milieu de la musique actuel... Mais il n'en fut rien. Formé il y a déjà de nombreuses années, fort d'une expérience scénique commune, le groupe est déjà solide, et a pris le temps de laisser mûrir cette composition hallucinante. Le résultat ? Une petite merveille de métal progressif, réalisé avec patience et abnégation, et dégoulinant de talents qui forcent l'admiration. On ne peut que rester béat de surprise et de satisfaction à l'écoute d'un tel album, surtout lorsqu'il s'agit d'une première création.
Musicalement parlant, Myxomatosis évolue dans un registre assez "classique", partagé entre Dream Theater et Porcupine Tree, mais y adjoint de nombreuses autres influences, de Tool à The Mars Volta en passant pas une infinité d'autres, plus discrètes. La présence d'instruments ethniques (didjeridoo, marimba) et de samples divers font osciller les compositions d'une ambiance à l'autre, du côté folk à l'aspect électro. Riche, la musique l'est également sur le plan des compositions. Mélodiques, techniques, enivrantes, elles sont la démonstration éclatante d'une formation qui n'a déjà plus grand chose à apprendre, ni à prouver. Tout simplement bluffant. A ce sujet, la qualité des morceaux les plus longs, comme "Something Possesses Me" ou "AügmenT", en dit long sur la maturité des musiciens.
Que dire de plus ? Surprise retentissante, que cette chronique, on l'espère, permettra d'adresser à tous les fans de métal prog, Myxomatosis (le groupe) accouche avec Myxomatosis (l'album) d'une des sorties majeures du genre pour l'année 2009. Qui plus est, rappelons une dernière fois que l'album est en libre téléchargement sur le site officiel du groupe ! Que demande le peuple ? Une tournée ? Ce sera peut-être chose faite prochainement, si nos camarades québécois trouvent enfin un label... Car non, malgré une telle démonstration, Myxomatosis n'est toujours signé nulle part. Une véritable honte, car en plus de capacités effarantes en studio, le groupe développe également une identité scénique conséquente par le biais d'éléments multimédias (vidéo en tête) au rôle prépondérant lors des performances. On souhaite donc à ces jeunes artistes de connaître le succès qu'il mérite ! Chaudement recommandé.