Gene Simmons n’a pas qu’une grande langue, il a aussi de grandes oreilles ! En effet, il y a 21 ans, c’est sur son label qu’est sorti le premier album d’House of Lords. A l’époque, Gregg Giuffria y tenait les claviers. Il avait alors, pour monter le groupe, renoncé à son projet solo créé en sortant de chez Angel. Ces derniers étaient les potes de Kiss, d’où la rencontre avec le démon-bassiste et sa proposition intéressée : « tu vires ton chanteur, tu changes le nom du groupe – Giuffria c’est mégalo – House of Lords ça vous ira comme un gant et on tope là ! ». Voilà la naissance du mythe, dont le seul résistant, James Christian, est aujourd’hui encore au micro.
Après avoir disparu durant douze ans, entre 1992 et 2004, les Ricains, sans GG, ont sorti, depuis leur renaissance, trois albums en cinq ans. Un an seulement après le très bon « Come to my Kingdom », les p'tits gars de Los Angeles remettent le couvert avec ce « Cartesian Dreams » dont la pochette bouscule la tradition de mise depuis 2001, puisque n’apparait plus, en tant qu’élément prépondérant, le blason du combo.
Doit-on y voir un signe d’évolution ? Une nouvelle direction musicale ? Arrêtons tout de suite ce suspense intenable, la réponse est assurément non ; pourquoi changer une recette qui satisfait les gourmets amateurs de Hard Rock Mélodique ? ‘‘Presque’’ assurément non en tous cas car on peut noter tout de même une tendance à un léger durcissement de ton. Pour le reste, rassurons les gourmands de la mélodie qui fait mouche, les Seigneurs n’ont rien perdu de leur superbe, vous allez être servis. Sortez les couverts en argent de belle-maman et les assiettes en porcelaine de Limoges, le festin va commencer !
Ce qu’il y a d’assez incroyable avec ce groupe, ce sont leurs entames de titres. On sent dès les premières secondes que le plaisir sera au rendez-vous et ce nouvel opus enfonce le clou dans ce domaine. Pas moins de neuf titres sur douze démarrent de manière jouissive et bien entendu ne déçoivent pas au fil de l’écoute.
Ces messieurs ont un potentiel en créativité mélodieuse qui laisse sans voix. Vous cherchez des frissons, alors ne vous gênez pas, commencez par jeter une oreille sur les énormissimes « A Simple Plan » et « Desert Rain » qui flirtent avec l’excellence. Vous serez envoutés par leurs riffs de plomb, leurs couplets déjà magnifiques et puis… leurs refrains… et là, promis, je les écoute en même temps que je noircis ma feuille blanche et la chair de poule s’invite sur mes avant-bras alors que je passe les deux titres quasiment en boucle ces dernières heures !
Le reste est quasiment du même tonneau, que se soit le pesant titre éponyme avec ses riffs tranchants et son refrain brillant ou l’entraînant « Born to be my Baby » et son solo bien déjanté, que vous preniez la vibrante ballade « Sweet Septembre » où Christian ferait larmoyer un taliban ou le heavy mais galvanisant « Bangin’ » et son final enthousiasmant, que vous optiez pour l’épique « The Bigger they Come » dans la veine d’un très bon Ten (le groupe de Gary Hughes) et ses admirables cavalcades mélodieuses, l’incisif « Joanna » et son épatant refrain limite Pop ou le remarquable titre bonus « The Train », mid-tempo très enlevé,... Tout est mitonné pour vous étourdir et vous n’y couperez pas, vous allez perdre votre équilibre et vous ramasser sur votre auguste fessier.
Pas de doute, les Californiens ont encore une fois frappé fort. Ces rois des chœurs ‘‘aux petits oignons’’ s’entendent admirablement pour associer harmonieusement muscle et mélodies, et ils nous offrent ici, à n’en pas douter, l’album de Hard Mélodique de la rentrée. Braves gens, entrez dans ‘‘la Maison des Seigneurs’’, vous en ressortirez comblés !