Après un premier album fort réussi et qui généra un très fort retentissement au sein de la scène Métal et Techno, les allemands de Rammstein nous reviennent avec ce « Sehnsucht » (Désir) qui est, avec « Mutter », probablement une de leurs meilleures réalisations à ce jour.
Tout ce qui avait fait le succès de leur premier opus est de nouveau présent ici, mais avec plus de moyens et plus de maturité. Cela se traduit à la fois pas une production qui restitue de manière bien plus dynamique la puissance et le modernisme du groupe, mais également par une plus grande diversité et une plus grande richesse au niveau des morceaux. Cela est notamment le cas avec le titre « Engel » (Ange) qui se voit doté d’un chant féminin et de sifflements accompagnant la ligne mélodique.
Si la base du style Rammstein reste la même, à savoir des riffs de guitares surpuissants, une rythmique ultra présente et très directe (basique diront certains), et un chant grave et guttural en allemand, on voit cependant apparaître - ou s’affirmer - de nouveaux éléments comme les claviers bien plus présents et travaillés que par le passé et une ambiance qui, si elle est toujours axée vers une puissance brute, se teinte et adopte un côté un peu plus sombre et malsain. Et ce, tant au niveau des textes, qu’au niveau de la couleur musicale, comme l’illustre à merveille « Spiel Mit Mir » (Joue avec moi), qui, tout comme « Tier », traite de l’inceste. En outre, le sens de la mélodie s’étant considérablement étoffé, l’album est truffé de petites ritournelles dont la simplicité n’a d’égal que l’efficacité.
S’il n’y a pas, ou peu, de morceaux moyens dans cet opus, on peut tout de même mettre en avant des titres comme « Engel », « Tier (Animal), « Klavier » (Piano) ou « Du Hast » (Tu as), qui sont désormais des classiques du groupe. Ce dernier morceau représente à merveille l’univers de Rammstein. Difficile en effet de faire plus efficace et plus immédiat que cette petite bombe qui mêle habilement Heavy Métal et Techno. Le texte ne comporte en tout et pour tout que 21 mots différents (à titre de comparaison, le « Back In Black » d’AC/DC, qui n’a pourtant pas été écrit par Shakespeare, en comporte tout de même 69), mais les riffs et le refrain sont imparables.
Attention ! On aurait tout de même tort de réduire les textes du groupe à ce niveau de simplicité. S’il est vrai que celui-ci propose encore des paroles un peu « faciles » ou présentant peu d’intérêt (« Habe ich dein Weib dann, Töte mich und iss mich ganz auf, […], Doch leck den Teller ab », « J'ai ta femme alors tue-moi et mange-moi tout entier, […], mais lèche bien l'assiette »), on le voit également proposer des textes bien plus poétiques ou profonds. Cependant le style de prédilection de Rammstein reste les textes à double sens pour lesquelles une interprétation à connotation sexuelle n’est pas à exclure (« Sehnsucht », « Küss Mich »).
Rammstein signe donc là un album qui parvient à conserver la puissance initiale du groupe tout en entamant une évolution réussie vers plus de diversité et d’émotion. De manière très justifiée, le succès commercial sera au rendez-vous.