Voici un groupe encore peu connu dans notre pays si l’on en juge par le contenu des sites et autres webzines pour qui le métal officie généralement en tant que figure de proue. Pourtant, Special Ops en est déjà à son troisième album avec "Through The Heart Of The Infidel". La formation québécoise faisant preuve d’une régularité quasi exemplaire quant à ses sorties discographiques, tous les deux ans depuis 2003 pour être plus précis, c’est donc avec une certaine attention que cette galette atterrit dans mon lecteur.
Et pour cause, "Through The Heart Of The Infidel" bénéficie des services d’un certain Glen Robinson à la production qui s’est déjà illustré avec notamment des combos comme Nashville Pussy, Queensryche et même AC/DC. Bien que Special Ops abonde dans un registre certes assurément musclé mais tout de même assez éloigné de ces groupes référents, cet atout de poids au niveau du son n’est pas négligeable lorsqu’il s’agit d’aborder le cap toujours important du troisième album.
Cette nouvelle production du quatuor québécois se veut donc attirante à tout point de vue. D’autant que le contenu s’agrémente d’un heavy metal formulé alternatif dont les principales influences sont tirées de formations phares telles que Alice In Chains, Metallica ou bien encore System Of A Down. Special Ops balance sans complexe ses riffs catchy extrêmement bien soutenus par une rythmique vive et précise. La tessiture vocale de l’homme au micro, située quelque part entre James Hetfield et Lane Staley, accentue particulièrement cet effet de bourrasque tout au long de cet opus.
Les dix titres de "Through The Heart Of The Infidel" sont majoritairement courts mais débordent de l’énergie singulière du courant alternatif (sans mauvais jeu de mot) sur lequel repose un bon nombre de structures syncopées, mélodieuses et brutales. "H.M." se découvre sous un riff simple qui embraye sur refrain terriblement accrocheur, tandis qu’un "Snakebite" rondement mené martèle son refrain jusqu’à la dernière seconde. Tout en reconnaissant malgré tout une marque de fabrique assez similaire d’un morceau à l’autre, Special Ops ne démérite pas et pourrait même se fendre de plusieurs passages sur les grandes ondes si le contexte radiophonique se voulait aussi ouvert qu’il le prétend. Des compositions comme "Pressure" ou "Sweet Accessory" disposent d’un potentiel mélodique évident tout en restant farouchement ancrées dans la puissance.
Ce nouvel album se laisse écouter très volontiers et peut, par-là même, permettre à Special Ops de franchir un cap de notoriété supplémentaire même si "Through The Heart Of The Infidel" risque fort de subir le contre coup de la sortie du très attendu et dernier opus d’Alice In Chains. Mais il conviendrait néanmoins de laisser à Spécial Ops la place qu’il mérite, car sa prestation fougueuse et rafraîchissante modulée sur un fond de modernité se place avant tout sur une ligne complémentaire vis à vis des valeureux pionniers de Seattle.