Paradox n’avait plus donné signe de vie depuis 2000 et la sortie de son album "Collision Course", jusqu’à ce jour de 2008, où parut ce revigorant "Electrify". Le groupe mené par Charly Steinhauer avait du mettre entre parenthèse sa carrière suite à une succession de décès familiaux et de très graves problèmes de santé de son leader. Rétabli, Paradox reprit son aventure avec un line-up forcément quelque peu renouvelé. Et en 2008, le groupe allemand nous offrait un deuxième come-back et un plus que très bon album de thrash. Un peu plus d’un an après, Paradox, en dépit de problèmes de santé toujours latents de son frontman, nous propose déjà une suite, histoire de ne pas trop vite se faire oublier.
Première constatation, le groupe n’a pas dévié de son thrash mêlant style moderne et ancrage old school, lorgnant plus vers le Metallica et le Megadeth des années 80 que vers le thrash teuton de la même époque. Sur "Riot Squad", Paradox se fait moins mélodique et se veut franchement plus rentre-dedans que sur "Electrify".
Paradox, c’est vraiment du tout bon malgré certains défauts qui pourraient se révéler rédhibitoires à plus d'un auditeur. D’abord, il y a cette production étonnante, étrange, un peu faiblarde, qui ne met pas à sa juste valeur la richesse de ce thrash. Paradoxalement cela lui donne également une sonorité singulière qu'il faudra apprivoiser. Ensuite, reconnaissons que Charly Steinhauer n'a pas une voix vraiment faite pour le thrash et ce, en dépit de quelques touches "heltfieldienne". Son chant part même quelquefois en vrille. Alors quand, en plus, le mixage place sa voix un peu trop en avant, autant dire qu'il faudra passer un peu outre pour réellement apprécier les qualités instrumentales du groupe.
Car les Allemands de Paradox savent admirablement nous délivrer des riffs bien percutants et des titres coup de poing comme "Riptide" ou "Suburban Riot Squad". Ils sont, à mon sens, l’un des groupes les plus créatifs en matière de thrash métal. Il suffit d’écouter des titres comme "Hollow Peace", "Evolution Reset" ou "Planet Terror" pour s’en laisser convaincre.
Paradox, c’est du thrash à la très grande densité musicale. Chaque titre développe un roulement de riffs qui s’entrecoisent, se choquent et se mêlent, particularité qui en devient parfois - mais très rarement quand même - usant. Il faut ainsi faire un effort pour ne pas se laisser submerger par un sentiment de cacophonie "bourrative" comme sur le titre "Rise In Rank".
A une époque où, face à la masse des sorties, la première impression auditive se révèle souvent définitive, "Riot Squad" va bien avoir du mal à convaincre. Voilà le genre de disque qui ne s'apprivoise pas en une écoute et qui dévoilera, en dépit de ses petits travers, pleinement son intérêt pour peu que l'on veuille se donner la peine d'y porter attention. Car question créativité musicale, Paradox surclasse largement la plupart des autres groupes de thrash...