Ce qu’il y a de bien chez Mass Hysteria, c’est que depuis "Contraddiction", les albums se suivent mais ne se ressemblent pas. Bien sûr, ils ont tous quelque chose de plus ou moins familier, même l’album éponyme controversé, puisqu’ils sont, naturellement, issus du même moule. Avec Mass Hysteria on ne sait jamais vraiment à quelle sauce on va être mangé.
Le groupe francilien ne joue pas la carte de la continuité facile se contentant de survivre sur de confortables acquis. Il n’hésite pas à expérimenter de façon plus ou moins parcimonieuse et à faire, au final, ce qu’il lui plaît. Et autant dire que cela demande à la masse hystérique une faculté d’adaptation et une certaine largesse d’esprit pour suivre le groupe. Olivier a quitté le groupe pour rejoindre Aaron, et c’est donc affûté d’une nouvelle lame à la six-corde, prénommé Nicolas, que Mass Hysteria débarque avec son sixième album "Failles".
Même si cela n’est pas très bien, je l’avoue, Mass Hysteria est le seul groupe français toute catégorie musicale confondue que je suis assidûment depuis la révélation "Contraddiction". Cela fait déjà quelques semaines que l’on m’a chargé de faire la chronique de ce "Failles". Sauf que voilà, et je le clame haut et fort, comme "De Cercle En Cercle", et à la différence d’"Une Somme de Détails", "Failles" est un album qui ne se dompte pas aussi aisément qu’il ne le paraît. Il m’a donc fallu conjuguer mes sensations par des écoutes plurielles pour me laisser totalement engouffrer dans cette "Failles" musicale. Cet album est plus sombre que ses prédécesseurs mais aussi, et sans doute quelque part, plus intime. Et l’intimité d’un disque ne s'appréhende pas en quelques sommaires écoutes.
L’artwork d’un album chez Mass Hysteria reflète la teneur et l’état d’esprit de son contenu musical. C’est dire qu’avec un tel visage marqué par les burins d’une vie, il ne faut pas s’attendre à un album des plus festifs. Cependant, pas folle la guêpe, l’album s’ouvre par deux titres tranchants, aux riffs anabolisants et taillés indubitablement pour la scène : "Plus qu’Aucune Mer" et surtout "World On Fire", avec son gros refrain fédérateur. Ils sont les deux titres avec "Comme On Danse", les plus immédiatement accessibles. Le reste de l’album, au demeurant excellent, nécessite un peu de temps avant d’atteindre la pleine maturité de l’entier accaparement auditif.
Le groupe, à coup de samples enveloppants et de riffs acérés, nous distille des titres à l’éloquence musicale plutôt virile. D’ailleurs, le groupe a privilégié cette fois-ci la mise en avant des guitares et la mise en retrait du chant de Mouss, histoire de donner une belle et mâle musculature à l’ensemble de "Failles". Surprenant au départ, cela contribue à donner, en partie, à ce disque son côté sombre, plus brut, plus incisif que chez ses prédécesseurs. En tous cas, cela ne nuit en rien, au fond, aux qualités de l’écriture toujours aussi palpable de Mouss, avec des textes particulièrement percutants à l’instar de "World On Fire", "Failles" ou "Dysphoria". Le groupe s’essaye même avec plus ou moins de bonheur au chant en anglais sur le titre "Get High".
L’album se conclut par le titre "Comme On Danse", petit clin d’œil sur un mode festif, qui fera son petit malheur en concert. Car on nous le dit, le réitère et le serine, la musique cela se vit aussi et surtout en live. Et Mass Hysteria fait partie de ces groupes, qui à posteriori ne sont pas légions, prennent vraiment toute leur ampleur et se vivent véritablement en concert.
Au final "Failles" s’avère un excellent album, tout aussi bon qu'une "Somme de Détails" ou que "De Cercle En Cercle", et il satisfera à coup sûr tout amateur du groupe. Et histoire de conclure sur un encouragement, il reste à espérer qu’avec "Failles", Mass Hysteria n’ait pas "atteint son Everest, le plus grand dépassement de soi".