Vous connaissez Malmsteen, Impelliterri, Vai, Satriani, Friedman, Schenker ? Ces gratteux ont tous sorti des albums portant leur nom. Est-ce par manque d’imagination ou mégalomanie... Chacun jugera comme il lui plaît. Si cette liste ne se veut pas exhaustive, il serait cependant dommage de la priver d’Adrian Vandenberg, pas seulement parce que c’était un bon guitariste (plutôt versé peinture aujourd’hui) mais parce que l’évoquer me permet de construire mon entrée en matière sur le personnage qui va nous tenir compagnie tout au long de cette chronique. Il est question ici de Bert Heerink ex-vocaliste du groupe Vandenberg qui cartonna en son temps dans les charts des 80’s avec les singles "Burning Hearts" et "Different Worlds" respectivement tirés de l’album éponyme (avec sa superbe pochette aux requins volants) et de "Heading For The Storm".
Depuis le split du groupe en 1985 après le troisième album "Alibi", le vocaliste hollandais s’est un tantinet égaré sur d’autres chemins que le Hard FM. Il a en effet, dans le désordre, traîné ses cordes vocales au sein d’un groupe de Heavy Metal allemand (Picture) et d’un combo de Rock Progressif hollandais (Kayak), fait de la pub pour Heineken, sorti des disques de reprises en allemand, chanté aux Jeux Olympiques d’Atlanta, fredonné pour Disney dans "Tarzan" et les "102 Dalmatiens" (version allemande) mais aussi dans le "Grinch", participé à des Opéras-Rock, reçu une médaille de sa reine et laissé son empreinte dans l’avenue “Walk Of Veen” (à Hoogeveense en Hollande) près de celle de Golden Earring.
Puis soudain, 24 ans après moult détours champêtres dans ces sentiers sinueux, voilà que le bonhomme se rappelle que dans sa jeunesse, il arborait fièrement la chevelure lionnesque et portait dignement le pantalon moule-formes. Alors, lorsqu’Aor Heaven et le duo composé de Michael Voss et Chris Lausman décidèrent de remettre le couvert avec le second volet des Voices of Rock et qu’ils firent appel à l’ex-hollandais violent (toutes proportions gardées car Vandenberg n’étaient pas des trashers), celui-ci répondit présent.
Ce fût une totale réussite car, comme le disait mon camarade Lolo dans sa chro bien sentie de l’opus, l’un des points culminants de l’œuvre fût atteint sur l'efficace "Shame On You" interprété par notre camarade de chro du jour. Dans la foulée, le quinquagénaire sortit l’album qui nous intéresse aujourd’hui le bien nommé "Better Yet" (que l’on peut traduire par « mieux encore »). Histoire de ne pas faire dans le milieu de gamme, il demanda à quelques pointures de lui écrire ses chansons. C’est ainsi qu’ont participé à la petite sauterie Harry Hess (vocaliste chez Harem Scarem), Bob Daisley (ex-bassiste d’Ozzy, de Moore et du Heep), Russ Ballard (qu’on ne présente plus) et Tony Martin (ex-chanteur de Black Sabbath). Pour ne rien laisser au hasard, il demanda à Michael Voss (Mad Max, MSG) de produire la bestiole. Si on rajoute que Vai, Hensley et Lukather sont venus asséner quelques accords sur certains titres, on ne pouvait qu’espérer de la qualité et…qualité il y a, soyez rassurés.
Bert Heerink ne dispose pas d’un organe vocal brillantissime mais sa voix est particulièrement agréable. On pourrait même dire qu’elle est apaisante, comme celle d’un Michael Kiske par exemple. Ainsi, bien que les morceaux qui composent cet album ne soient pas d’une violence notable, l’indéniable côté Hard Rock des titres est pacifié par le chant du hollandais qui rendrait inoffensif un titre de Venom.
Au final, nous avons donc à faire à un album d’AOR de bon niveau dans la veine et l’esprit de ce que fait Marc Spiro (si vous ne connaissez pas, cherchez à connaître, conseil d’ami), à l’écoute duquel on pense à Cheap Trick (le vraiment très réussi "Panic Attack" et le déjanté "All Fired Up"), à Peter Gabriel et Toto (l’apaisant "Significance"), à Place Vendome (le catchy "April"), à Harem Scarem (le syncopé "Whose Side Are You On"), à Gotthard (le déchirant "Falling Down") et à Marc Spiro donc ("Love is Like Heaven", "Can’t Make Me" et "Precious").
Voilà donc une petite douceur automnale qui vous reposera les tympans tout en évitant la mièvrerie et l’insipidité coupables dans lesquelles peut tomber parfois l’AOR quand il se veut trop feutré. Une bonne surprise et un bien étonnant revenant en tous cas !