« On s’est connu, on s’est reconnu, on s’est perdu de vue, on s’est r’perdu d’vue »… ah, vous voilà ! C’est drôle comme une mélodie peut vous faire penser à une autre, comme un album peut vous évoquer quelques reliques plus ou moins antiques trônant déjà sur vos étagères. C’est drôle, mais pas seulement : en tant que chroniqueur, et même tout simplement en tant qu’auditeur, c’est surtout très énervant.
Sortez vos plus puissants euphorisants, vous en aurez besoin. Vous êtes parés ? Allons-y. Tout d’abord un peu d’histoire : Mean Streak fait parti de cette longue lignée de groupe Heavy, tentant désespérément d’officier dans un genre qui mérite aujourd’hui un don ou une originalité toute particulière pour prétendre s’en réclamer. Or d’originalité et de don il n’est ici absolument pas question. Quintette suédois livrant ici leur premier méfait, il est en effet assez peu probable que nos esclaves du métal parviennent un jour à s’affranchir de leurs chaînes.
Puisqu’il va bien falloir se décider à parler un peu de musique autant arrêter de tourner autour du pot : de la musique de Mean Streak, il n’est ici question que le temps d’un seul morceau, le premier. Le temps d’un seul et unique titre, nos cinq blousons noirs suédois seront parvenus à nous faire espérer un album de Heavy / Power teinté de rock. Un cocktail qui n’aurait sans doute rien eu de transcendant à l’écoute de cette entame, mais qui aurait au moins eu le mérite d’être faussement innovant.
Le problème, c’est qu’en fait d’être innovant Mean Streak se révèle très vite de la trempe de ces cancres qui regardent d’un peu trop près la copie de leur voisin pour passer l’épreuve de la correction. Ainsi, la correction est imminente : "Battle Within" va chercher son absence d’inspiration dans les pages du « Power pour les Nuls », du côté d’un Wizard pour l’exemple, "Eyes Of A Stranger" reprend à l’identique l’introduction du "Anthem" de Trivium, "The Seventh Sign" joue à ralentir le riff d’un "Painkiller," "Metal Slave" serait passible de procès si Steve Harris posait par malheur ses oreilles dessus… La palme revient sans doute à "Raise Your Hands" qui relève de l’auto-plagiat en remettant à profit la rythmique du premier morceau lui-même !
Alors que dire ? Il n’y a au final que deux moyens de sauver ce "Metal Slave" du pilori : se dire qu’il s’agit d’un album hommage, ou mettre l’accent sur toutes les qualités hors celles de composition. Concernant l’hypothèse d’un hommage, il semble tristement peu probable que Mean Streak se soit volontairement lancé à l’assaut d’une telle tâche pour un premier jet, et la thèse terrible d’une très mauvaise assimilation des influences reste bien plus probable. Il n’est d’ailleurs jamais fait état sur le site du groupe d’une référence quelconque privilégiée ou même suggérée.
On pourra donc se consoler en se disant que tout n’est pas totalement inepte dans l’intention de nos Suédois. Il faudra donc regarder du côté rock’n’roll des transitions et de quelques rythmiques pouvant faire illusion un court instant. L’aspect moderne de la fusion Heavy Power sur un titre pourtant très critiquable tel que "Metal Slave", l’enthousiasme palpable des différents membres, la qualité de la production et la mise en place irréprochable des rythmiques, leur platitude mise à part.
« On s’est connu, on s’est reconnu, on s’est perdu de vue… et on ne se reverra sans doute jamais plus », mais rien ne sert de vouloir appuyer sur la tête du noyé. Ce que Mean Strake fait, le pire comme le meilleur, il le fait au moins avec honnêteté et une énergie débordante communicative. Crier au scandale ne servirait à rien, crier au génie serait hors de propos : il est simplement temps de les laisser aller...