En quinze ans de carrière, malgré des changements de line-up et de labels à répétition, les Américains de Fu Manchu ont tout de même réussi à sortir une dizaine d’albums dont leur dernier « Signs Of Infinite Power » ne serait être l’exception à cette règle d’immuabilité de leur stoner rock. Fu Manchu connaît la recette du succès, mais également l’estime auprès de formations telles que Kyuss, Marilyn Manson ou Clutch avec lesquelles des tournées sont organisées.
Tout au long de sa discographie déjà chargée, Fu Manchu a eu la volonté d’aborder des thèmes aussi spirituels que le skateboard, les grosses voitures et les jolies pépés. A l’instar d’un artwork véhiculant généralement les mêmes idées, les Californiens ont clairement affiché l’envie de ne pas se prendre au sérieux, de faire simple et d’aller droit au but.
Pour le coup, le pari parait d’emblée gagné car baignée dans une production sans fioriture, la musique de Fu Manchu instaure un passe-droit aux riffs assurés mais souvent dépouillés et répétitifs balancés par des guitares au son « fait maison » comme enregistrées dans un garage de la banlieue du Conté d’Orange d’où ces joyeuses drilles sont originaires. De son côté, Scott Hill assure derrière le micro un strict minimum vocal en récitant – au mieux en rappant – ses textes au contenu peu académique.
En guise de coloration, des soli bien sentis, tantôt psychédéliques, tantôt plus bluesy viennent délester ces cantates pour quatre égrillards de leur lourdeur sabbathienne. A l’inverse, l’éponyme « Signs Of Infinite Power », fiévreux et groovy, rappelle au bon souvenir le rap metal incisif de leur camarade de Rage Against The Machine en laissant la puissance et l’efficacité des accords prendre le pas sur la lourdeur des distorsions.
Malgré ces quelques sursauts d’orgueil, « Signs Of Infinite Power », trop monolithique, s’épuise vite dans le ressassé et endigue, au fur et à mesure des titres, toute son énergie et son percutant. Ce dernier Fu Manchu possède toutefois l’attrait de la spontanéité, apanage de l’insouciance, et les attributs de la vitalité endiablée. Le stoner n’est pas vraiment une affaire de scouts binoclards complexés à vrai dire. En ce sens, il devrait plaire à coup sûr aux aficionados de la première heure. Mais il se pourrait que le manque de diversité et de nuance empêche à ce cercle d’initiés de s’élargir.