Il aura fallu trois ans d'efforts à ce jeune quartet romain pour tenter, avec cette première réalisation, de se faire une place dans le petit monde du métal. Leurs ambitions sont claires : des empereurs sinon rien. Autant le dire tout de suite, pour la couronne de lauriers, il faudra repasser – mais attardons-nous tout de même sur le contenu de cet album, pas dénué d'intérêt pour autant !
Après une brève introduction, nos joyeux bisounours transalpins ouvrent les hostilités : "The Die Is Cast" affiche immédiatement un style puissant qui vous prend aux tripes. A ma gauche, un thrash à l'ancienne façon Big 4, mâtiné d'influences plus modernes comme Lamb of God, qui s'exprime principalement par le riffing sauvage des deux guitaristes aux accents souvent Slayer-esques. A ma droite, un hardcore pêchu et gourmand, reflété par le chant hargneux de Marco Krasinski, et soutenu ici et là par le jeu de batterie syncopé du jeune atteo Deathbreed, 20 ans à peine, qui entraîne ses cordistes d'aînés dans de féroces mosh parts. La recette prend franchement bien, au point que l'on oublie rapidement ces considérations stylistiques pour se laisser aller à un headbang salvateur.
Côté compos, ça ne vole évidemment pas bien haut, mais comme tout bon disque de thrash qui se respecte, l'intérêt n'est pas là. On note malgré tout une musicalité certaine qui souligne le temps passé à préparer ce premier opus. La variété rythmique que l'on constate entraîne l'auditeur toujours plus loin, évitant la moindre lassitude. Mais à 3 minutes par piste en moyenne, et souvent moins, il est clair que Fomento ne fait pas dans le songwriting élaboré, mais plutôt dans la grosse beigne poisseuse "in your face". Orné du label "anti-emo", le groupe entend avec ces 12 morceaux faire la peau à ces traîtres aux mèches fixation béton. Les responsables d'ignominies telles que Attack Attack feraient donc bien d'aller se cacher, car voici venue d'Italie la colère des métalleux velus.
La musique de Fomento, aigüe comme un point de côté, frontale et déchaînée, semble à l'étroit sur CD et devrait logiquement exploser en concert dans les années qui viennent. Impossible pour autant de ne pas mettre en exergue une production soignée, épaisse comme il faut, avec un son de gratte énorme et une caisse claire à vous percer les tympans. D'ores et déjà signés chez Coroner Records, nul doute que l'on devrait rapidement entendre reparler de cette joyeuse bande d'énervés.