Après une démo, Whipsers Of The Power, qui avait éveillé la curiosité des amateurs de métal symphonique, voici le premier album de ce combo parisien. Officiant dans un style rappelant After Forever ou encore Epica, peuvent-ils tirer leur épingle du jeu dans un genre certes peu représenté en France, mais saturé à l'étranger ?
Mettons les choses au clair tout de suite : Asylum Pyre s'aventure certes en terrain connu, mais préserve tout de même une certaine identité. On remarque par exemple d'emblée la présence de la section rythmique (guitare rythmique y compris), qui tend à passer au second plan chez les "concurrents" sus-mentionnés, ainsi qu'un travail soigné aux claviers, qui oscille entre nappes atmosphériques et piano gothique. Si le résultat se veut parfois caricatural, il est généralement réussi et même savoureux, surtout lorsqu'il s'agit de créer une ambiance, comme sur les premiers morceaux de l'album.
Par la suite, la diversité des influences manifestées tout au long des 10 pistes de l'album ne fait que convaincre l'auditeur qu'il n'a pas simplement affaire à un nouveau clone de Nightwish. L'alternance des chants (lyrique, duos, chœurs, murmures et j'en passe), aussi bien que des styles, du métal symphonique habituel ("Don't Waste It", pénible et incontournable ballade) aux relents speed metal de certains parties ("Coral's Riff"), permettent à l'ensemble de respirer et de s'éloigner d'une formule qui aurait selon toute probabilité lassé même les plus férus du genre. Ne rechignant pas au bon riff bien épais, le duo de guitaristes apporte là encore une énergie qui surprend et permet de varier les plaisirs, entre deux envolées lyriques et quelques solis bien envoyés. On n'échappe pas à quelques longueurs, notamment sur l'inévitable morceau épique, "Different Sides, Same Thoughts, écueil sur lequel viennent quasi-systématiquement se briser les jeunes formations, mais l'ensemble s'écoute sans déplaisir, à moins d'être totalement allergique à ce style très emphatique de métal.
Et pourtant, malgré cela, on se retrouve souvent à penser à autre chose pendant l'écoute. Techniquement c'est au poil, les arrangements sont extrêmement soignés (et même remarquables pour un disque auto-produit), et sans atteindre un niveau réellement satisfaisant pour du chant lyrique, la vocaliste principale et son comparse masculin s'en sortent plutôt pas mal... Mais il manque quelque chose, cet élément indéfini qui différencie les grands groupes de leurs émules ; la petite étincelle qui sépare les bons albums des révélations...
Groupe à suivre, Asylum Pyre l'est très certainement, mais ce premier cru, bien que réussi, laisse deviner un potentiel pas entièrement libéré. Dommage...