Spécialiste incontesté du rock psychédélique instrumental, Ozric Tentacles revient en 2000 avec The Hidden Step, album dans la plus pure lignée de ce que propose ce groupe depuis une quinzaine d'années.
Afin de clarifier les esprits sur ces anglais, dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils ne sont pas près de passer sur une chaîne nationale à une heure de grande écoute, je rappelle qu'il s'agit ici d'une bande de musiciens extrêmement expérimentés à la fois sur leurs instruments respectifs et, si l'on en croit leur musique, sur les substances qui font rire. En d'autres termes, la musique d'Ozric Tentacles est tout sauf sage. Entendez par-là qu'il ne se passe pas un moment sans qu'on se demande où ils sont allés chercher leurs idées : dans leur façon d'appréhender leur art, ce groupe est de façon évidente l'héritier spirituel des Sweet Smoke, Gong ou encore Pink Floyd.
Mais musicalement parlant, la comparaison s'arrête là car si l'esprit est le même, la musique est bien différente : Ozric met un point d'honneur à explorer le plus d'horizons possibles, tout en montrant une attirance particulière pour la musique orientale, retravaillée à la sauce électronique et occidentale. Ainsi, sur 7 morceaux, 3 vous replongeront en Arabie ou dans les souks du Caire tout en vous permettant de garder un pied chez vous par l'ajout de sonorités empruntées au rock ou même à la techno.
Car parlons justement des influences que montre Hidden Step. Si l'impression générale à l'écoute de cet album peut être celle d'avoir affaire à une bande de joyeux lurons qui s'éclatent sans limites apparentes, une analyse plus précise permet d'entrevoir une grande richesse dans l'approche : le grand gourou de cette formation a réunit des musiciens d'origines diverses, fait des expériences sonores en intégrant bêlements de chèvres et rythmiques technoïdes au milieu de furieux solos de guitare, a mis tout cela dans sa grande marmite musicale et a attendu de voir le résultat final.
De ce fait, avec Aramanu, vous aurez l'impression de sentir l'odeur des chèvres dans votre salon tellement le sentiment d'y être est omniprésent et, 10 minutes plus tard, avec un Tight Spin oscillant entre techno et pur groove, vous vous attendrez presque à voir surgir les fumigènes typiques d'une boite de nuit en plein Paris.
Autre caractéristique particulière : l'aspect mélodique est réduit à son strict minimum, la préférence étant donnée à la déclinaison entêtante d'un même riff, instaurant une ambiance faisant monter la tension, parfois jusqu'à un état proche de la transe.
Bien qu'étant à découvrir si ce n'est déjà fait, The Hidden Step reste cependant un album pour le moins classique en regard de l'historique des Ozric Tentacles. Comme à l'habitude, le résultat est très bien exécuté, bénéficie d'une production de qualité et est très inspiré. Mais à n'en pas douter, les puristes lui préfèreront certainement quelques-uns de ses prédécesseurs. Quant aux novices, ils en ressortiront avec le sentiment d'avoir une fois de plus enrichi leurs horizons musicaux.