Commençons par faire les présentations. A l'origine de ce groupe, Niels Vejlyt, guitariste danois virtuellement inconnu hors de son pays. Autour de lui s'est composé un groupe hétéroclite, principalement pour le sessions studio, et dissolu en partie depuis. Demeurent les vocalistes, et pas n'importe lesquels : Lene Petersen (honneur aux dames), elle aussi inconnue et pourtant dotée d'un organe remarquable, et MONSIEUR Ian Parry, vétéran de la scène ayant déjà œuvré aux côtés de sommités comme Arjen Lucassen, Stephan Lill (Vanden Plas), Thomas Youngblood (Kamelot), Patrick Rondat et bien d'autres, et principalement connu pour sa participation au groupe Elegy. Séduit par le projet de Vejlyt et loin d'être un simple contrepoint au chant féminin, c'est d'ailleurs lui qui porte l'album à bout de bras en étant l'auteur du concept et des textes. On note aussi la présence (en studio) de Mads Volf, batteur de Manticora, et aussi d'une seconde vocaliste féminine, Anne Karine Prip, qui épaule sa camarade lors de parties généralement superbes (le break central de "Oceans Of Time" par exemple). Enfin, il est important de signaler que Vejlyt demeure le principal compositeur, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas chômé !
Sans être merveilleusement originale, la musique d'Infinity Overture possède une indéniable faculté d'attraction qui tient essentiellement à un fait : guitariste accompli, Malmsteenien dans son jeu mais pourtant jamais ostentatoire, Vejlyt demeure discret et plein d'à-propos tout au long de l'album, laissant tout l'espace nécessaire au chant et aux autres instruments qui s'épanouissent ainsi sans contraintes. Se focalisant sur des thèmes accrocheurs, il privilégie l'efficacité à la démonstration : morceaux de 3 à 5 minutes, parties instrumentales brèves et jamais démonstratives, concept utilisé sans démesure... Le duo qu'il forme avec Parry est une petite merveille de direction artistique. Produit par Sascha Paeth et Miro, connus pour leurs travaux avec Kamelot, Angra ou encore Rhapsody of Fire, Kingdom of Utopia est une réalisation commune, mais sérieuse. Pas d'inquiétude donc à avoir de ce côté-là. Le son est riche, plein, chaleureux et toujours parfaitement équilibré... Un vrai régal ! La sobriété sonore de l'album, quasiment dénué de ces samples et effets superflus qui alourdissent, voire gâchent complètement tant d'albums, leur doit beaucoup.
Il serait inutile d'en dire davantage... Avec ce premier album, Infinity Overture prouve que le power metal "à la nordique", quand il est conçu sans prétention et exécuté sans ostentation, a encore de beaux jours devant lui. L'apport d'un talent comme Ian Parry au line-up est évidemment un plus indéniable, concourant à faire de cet album un indispensable du genre, surpassant allègrement les dernières sorties de groupes établis que l'on évitera de citer ici, la comparaison ne leur étant pas vraiment favorable ! Peu original, n'ayant à proprement parler aucun élément singulier, Kingdom Of Utopia est cependant réalisé avec un tel soin, un tel talent, qu'on finit par en redemander. Vivement la suite !