Le néo-prog viking, vous connaissez ? Le groupe norvégien Adventure va se charger de combler cette lacune avec ce Beacon Of Light, paru neuf ans après la sortie de leur premier album (éponyme), temps mis “à profit” pour stabiliser le line-up, et notamment trouver un chanteur. Nous reviendrons sur les guillemets.
Quid donc du Néo-Prog Viking ? Se réclamant d’influences reconnues, telles Arena, Kansas ou Camel, Adventure développe un style ancré dans le progressif symphonique, avec tout ce que cela comporte de changements de thèmes, de breaks, et d’emphase mélodique. La juxtaposition d’une rythmique plutôt dopée de claviers abondants inscrit la manière dans la mouvance “néo”. Rien que de très respectable jusque là.
C’est l’irruption guerrière du chanteur qui va se charger d’introduire habilement la notion “Viking”. Jusque là, l’auditeur assistait confortablement à une production progressive pas forcément originale mais dotée des éléments habituels du néo actuel. Le choc causé par un timbre rauque associé à une guitare ridiculement distordue n’en est donc que plus rude. Capable pourtant de chanter tout à fait correctement quand il se cantonne dans un timbre clair, Vebjørn Moen s’ingéniera quasiment dans tout l’album à rechercher une voix de gorge assez déplacée ou cette raucité incongrue ... Résultat incertain, même quand il est épaulé aux chœurs par quelques walkyries qui peinent à faire passer la pilule.
Malheureusement, ce fier guerrier n’est que l’avant-garde des hordes d’invasion acoustique. La section rythmique arrive en soutien pour épauler les velléités barbares du chant. A grands coups de riffs lourdauds et de chocs de batterie. Je n’ai pas trouvé d’autre mot. Deux batteurs se sont partagé le travail pour donner à l’expression “taper comme un sourd” toute son exacte valeur sémantique (Beacon Of light Pt2, édifiant). Ajoutez à cela que les solos de guitare sont fréquemment mixés très en arrière, laissant le duo infernal basse - batterie occire l’espace sonore.
On ressort de l’écoute de cet album plutôt en colère. Car les idées de composition sont présentes, mais tuées dans l’œuf par une production totalement déséquilibrée et qui n’arrive à mettre les qualités des harmonies en valeur : un comble pour du néo-prog ! Copie à revoir pour nos amis Norvégiens, et par Thor, par Odin et par Pitié, délivrez-nous de ces rythmiques préhistoriques !