Spécialiste de la cause métal progressive, le label Magna Carta nous a déjà gratifié d’une compilation "Guitar Ate My Brain" en ce début 2009. Il récidive avec ce Prog Around The World, censé nous faire effectuer le tour de la terre à bord du vaisseau des musiques progressives (3 continents et 11 pays, j'ai fait le compte !).
Je me garderai bien de faire une chronique au sens strict du terme sur ce genre d’album. La compilation est un exercice à part, dans lequel un éditorialiste choisit d’empiler les morceaux selon une logique qui n’appartient qu’à lui, le fil rouge étant parfois très difficile à suivre. Magna Carta est un label assez spécialisé, et ne peut donc ici prétendre à faire le tour de l’ensemble des musiques progressives : à l’exception d’Ozric Tentacles et de son style psychédélique assez planant, nous sommes ici constamment dans le métal progressif, un genre technique mais tournant fréquemment autour du style de Dream Thaeater. L’étalage des styles est donc logiquement limité : point de symphonique, pas de néo, pas de folk progressif, mais beaucoup de riffs plus ou moins agressifs, de rythmes rapides et une technique mise en avant, avec pas mal de talent d’ailleurs. Prog Around The World se limite donc à la présentation d’un certain type de progressif.
Difficile, sinon impossible, de se faire par ailleurs une idée exacte de la qualité d’un groupe sur l’écoute d’un seul de ses morceaux. Il faudrait être un excellent spécialiste de chacun des groupes présentés ici pour savoir si les morceaux choisis sont exactement représentatifs de leur sensibilité. L’auditeur n’a donc d’autre voie que de suivre le choix du label, pertinent ou non. La qualité des morceaux et des musiciens n’a rien à voir avec cette critique (le niveau technique est d’ailleurs excellent, que ce soit pour les musiciens ou la production), c’est le procédé même de compilation multi-groupes qui est en cause ici.
Prog Around The World n’est somme toute rien de plus qu’un disque de promotion du label Magna Carta. C’est une belle carte de visite, interprétée par des artistes de talent, mais qui ne suffira pas à se faire une idée exacte de leurs œuvres. J’ai bien aimé - et c’est un avis tout à fait subjectif et forcément partiel, puisque étayé sur un seul morceau - les morceaux proposés par Ethan Brosh et Anthropia, inventifs et sortant du schéma assez stéréotypé des autres. Ils m’ont donné envie de pénétrer plus avant dans les compositions de ces musiciens, et c’est le seul mérite de ce genre de compilation.
Il est difficile de s’enthousiasmer sur l’amalgame réalisé ici, sans réel fil conducteur et forcément très réducteur pour les groupes présents. La note représente plus l’expression de ce billet d’humeur, que la qualité du produit, tout à fait honnête, mais guère dans la philosophie du prog’, qui aime montrer plus qu’une facette d’un genre qui se veut non réducteur.