Premièrement, la recette pour sortir un disque de qualité est de réussir tous les titres qui le composent. Secondement : moins on propose de titres sur un disque, plus on a de chances de tous les réussir. La Palisse peut dormir tranquille, j’assure la relève. Je vais même me permettre de compléter cet instant culturel en sacrifiant à la tradition bien connue de Jean de la Fontaine lorsqu’il concluait ses fables et assénait une moralité de bon aloi : « Apprenez que tout musicien vit grâce à celui qui l'écoute, cette leçon vaut bien une maxime sans doute : EP modestement empli prêtera moins flanc aux critiques que LP copieusement garni».
Heaven’s Basement, un groupe anglais sorti de (presque) nulle part, a suivi ce conseil et propose aux foules curieuses en cette fin d’automne, un six titres histoire de voir « si ça fonctionne ». A mon humble avis, les petits malins n’ont guère dû trembler en attendant le verdict des chroniqueurs de tous poils, rassurés qu’ils devaient être par leurs prestations scéniques chaleureusement applaudies sur les quelques festivals qu’ils ont traversé cet été.
Les caïds anglais font dans le Hair Metal/Glam Metal des années 80, genre Quiet Riot ou L.A. Guns, mais avec quelques touches des Guns N' Roses, de Motley Crue et un côté un peu sauvageon des potes d'Angus à leurs débuts. C’est crasseux, limite sleazy, bref, c’est du Hard Rock de caniveau. La particularité de tous ces titres peut en tous cas être résumée en trois formules : mélodie fédératrice (si si je vous assure, croyez-en un amateur de Hard Mélo !), break central pour mieux repartir de plus belle et des grattes en veux-tu en voilà !
Six titres donc et six bonnes raisons de se disloquer la colonne vertébrale à headbanger comme une foreuse dans un puits de pétrole. Rien d’étonnant donc à ce que ces nouveaux loustics aient cartonné en concert cette année et qu’ils soient en passe de déclencher un buz sur la toile avec plusieurs centaines de sites qui les référencient.
Ecoutez à la file « Tear your Heart out » et son refrain à scander comme un forcené, « Graduation » et ses riffs secoués, « Can’t let go » avec ses chœurs et son excellent refrain, « Misunderstood » et son magnifique solo, « Reign on my Parade » et son final avec des guitares partout et la perle « Judgement Day » après laquelle on peut considérer que la messe est dite. Pas de ballade, que de l’énergie brute ! C’est fun, ça met de bonne humeur, ça balance, c’est énergique, ça caresse les mélodies dans le sens du poil et les gratteux devraient être condamnés pour tortures perpétrées à l’encontre des cordes de leur instrument.
Allez, je me lance, je laisse parler l’intuition ce soir, ce quintet-là mes amis va prendre de l’ampleur dans peu de temps. Pas la peine de se donner rendez-vous dans dix ans, l’explosion surviendra bien avant…