Les quatre dernières années furent longues pour les amateurs de Freak Kitchen, et en France ils sont nombreux. Les trois Suédois, emmenés par le génial Mattias "IA" Eklundh, reviennent vers nous avec leur septième album, Land Of The Freaks. Même si le virtuose suédois a eu l’occasion de faire parler de lui récemment lors de l’excellent album Art Metal avec Jonas Hellborg, il faut bien avouer que sa crinière blonde et son visage rieur nous avaient bien manqué. Pas de changement au sein du groupe, signe d’une stabilité qui rassure. En même temps, les deux derniers albums de Freak Kitchen pouvaient nous laisser craindre que le groupe ne sachet pas totalement renouveler son propos. Avec Land Of The Freaks nous sommes parfaitement rassurés. Visite guidée chez les fous…
Premier riff et la patte Eklundh et Freak Kitchen, reconnaissable entre mille, nous confirme que le groupe n’a pas abandonné son identité. Le riff est lourd et rapide pour asseoir un morceau révolté qui signe un admirable début d’album. Le refrain de "God Save The Spleen" est hyper mélodique et l’apport des chœurs est toujours aussi important. De ce côté-là, Freak Kitchen fait du très bon Freak Kitchen et ce n’est pas le "Hip Hip Hoorah" aux différentes ambiances qui infirmera cette tendance. L’album va commencer à donner des signes de nouveauté avec l’excellent troisième morceau, "Teargas Jazz". Et c’est là que l’expérience avec Jonas Hellborg a laissé des traces, car ce morceau semble puiser son inspiration dans les textures jazz fusion de l’album Art Metal. Les premières notes de violon nous emmènent loin en Orient, et la séquence instrumentale d’avant refrain est tout bonnement prodigieuse d’efficacité. Mattias se permet quelques effets de voix bien inédits qui donnent une véritable profondeur à son chant parfois trop propre.
Le violon aux accents indiens a définitivement inspiré Mattias car il refait son apparition sur "OK" pour une partie plus intimiste venant seconder un couplet bien nonchalant. Les morceaux plus conventionnels du style des Suédois sont bien représentés avec notamment "Sick", "Honey You’re A Nazi" ou "Murder Groupie" (je vous laisse apprécier les titres des morceaux). Les refrains sont toujours percutants avec de superbes harmonies vocales. Le trio arrive à tirer le meilleur de chacun pour un résultat toujours très léché. Plus que par le passé, il semblerait que le groupe ait axé sa composition sur une multitude de petits détails qui viennent émailler le schéma intro-couplet-refrain-solo.
L’album touche à sa fin avec notamment la seule ballade de l’album, "Do Not Disturb", qui laisse échapper quelques vapeurs très rafraîchissantes faisant fortement penser à l’excellent Ritual. Vu la qualité de cette ballade, une de plus n’aurait pas été de trop, surtout pour faire durer le plaisir que procure cet album.
Freak Kitchen est de retour avec son métal fusion très personnel. Le groupe n’a pas perdu son humour légendaire (les titres des morceaux son toujours aussi décalés) mais le propos peut sembler plus sombre que par le passé. La volonté de produire un disque mieux arrangé est salvatrice pour ce groupe qui sait déjà écrire des morceaux directs et explosifs. Enfin, le biais jazz se marie parfaitement avec l’abrasivité des parties de guitare de Mattias et donne la valeur ajoutée qui pouvait parfois manquer à ce trio. En résumé, Land Of The Freaks est un excellent Freak Kitchen (sinon le meilleur) qui se laisse apprécier autant par sa simplicité apparente que par sa densité réelle.