Découverte pour ma part que ce groupe hollandais qui pratique un métal progressif instrumental assez original à la croisée du stoner, de l’industriel et de l’électro aux relents psychédélique. Bon appétit !
Les musiciens de Kong se sont fait remarquer plus particulièrement par leur approche très originale de la scène. Il faut savoir que leurs productions sont attendues comme des offrandes par les fans car depuis vingt ans seulement quatre albums ont été enregistrés. C’est dire qu’ils n’ont pas le droit à l’erreur avec une telle tempérance. Nous avons donc le privilège d’entendre le cinquième album de ce groupe depuis dix ans, What It Seems Is What You Get. Vu la densité de la musique pratiquée par ce quatuor on comprend mieux la durée de gestation…
Amis de la frugalité, passez votre chemin! Kong c’est de la bonne tambouille d’antan avec ce qu’il faut de grosses saturations bien sales et de rythmes bien lourds. Il faut être à jeun pour pouvoir s’enfiler cet album épais, dense et parfois indigeste. Car d’une part le format est purement instrumental, ce qui n’est pas un problème en soi quand les musiciens ont le talent nécessaire pour bien occuper l’espace sonore comme c’est le cas pour Kong et d’autre part les compositions sont assez longues avec peu de changement de tempi et d’harmonies. Les 62 minutes du disque sont ainsi assez délicates à avaler en une fois.
Nous nous devons de rendre hommage aux bonnes compositions que sont les glaciales et industrielles « On The Contrary » et « Change 2012 », la nervure électro « Overcrowd Underdog », l’aérienne « Tao Of Eric », la jubilatoire « Musclebound Elf » ou la sinistre « Factorum Inconstantum ». Mais pour beaucoup d’entre elles, tout est souvent dit après deux ou trois minutes et le développement jusqu’à sept minutes est parfois angoissant pour l’auditeur pris entre l’envie de finir le morceau et le reflex contemporain de passer à l’autre piste.
De votre patience dépend donc d’accueillir ou pas comme il se doit cet album qui peut aussi se délecter morceau par morceau, deux ou trois compositions de temps en temps. Ne cherchez pas d’interventions virtuoses de guitare ou de soli à faire tourner la tête. Ici c’est l’envoutement des ambiances qui fait voyager, si tant est que vous soyez disposé à vous laisser emmener. Mention spéciale pour le bassiste qui occupe une part non négligeable dans la réussite de cet album.
En bref, pas de déception avec cet album mais plutôt des craintes. Au vu des évidentes qualités de ce combo mais aussi de la complexité de l’objet il est à craindre que le commun des mélomanes n’ait pas l’envie de s’attarder dessus. Adepte des albums instrumentaux, j’ai moi-même eu de mal à rester concentrer de bout en bout de What It Seems Is What You Get. Mais le fait que cet album prenne le parti de produire de la musique complexe avec peu de diversité de sons et d’effets a quelque chose de plaisant. Les musiciens se tiennent sans dévier au cahier des charges imposé et l’énergie de ce disque est ainsi très homogène. Kong mérite que l’on s’y intéresse, ainsi qu’au reste de sa maigre discographie.