La légende du rock sudiste qu’est Lynyrd Skynyrd commençait sérieusement à se faire oublier. En effet, il aura quand même fallu attendre six ans pour que le successeur de "Vicious Cycle" vienne enfin combler cette longue attente. Mais dans cet intervalle, le groupe a encore dû faire face à des événements tragiques. Hughie Thomasson n’est plus, emporté par une crise cardiaque en 2007. Billy Powell, membre fondateur du groupe avec Gary Rossington, a tiré sa révérence en cette année 2009 ainsi que le bassiste Ean Evans. De lourdes pertes bien évidemment difficiles à encaisser pour les autres membres qui ont malheureusement déjà connu ce genre de situation bien triste.
Afin de dissiper toute forme de doute sur le moral de Lynyrd Skynyrd, ce nouvel album intitulé "God and Guns", tombe finalement à point nommé. Comment imaginer que ces musiciens puissent raccrocher leurs instruments après plus de trois décennies au service du rock ? Bien entendu, ce moment arrivera un jour mais cette nouvelle production dispose d’arguments suffisamment forts pour fragiliser davantage cette probabilité.
"God And Guns" amorce un retour fringant des géniteurs du rock sudiste. Tout ce qui a fait la réputation de Lynyrd Skynyrd et donc engendré ce succès planétaire trouve sa place sur ce douzième album. De plus, la production body-buildée d’un certain Bob Marlette, plus familier de piliers du heavy metal comme Iommi, Ozzy Osbourne ou encore des bondissants australiens d’Airboune, amène Lynyrd Skynyrd dans une ère de modernité. Et autre élément important, des musiciens d’univers très différent du rock sudiste ont apporté leur concours sur les compositions de "God And Guns". Qui aurait cru que le prolifique et ex Marylin Manson John 5 et Rob Zombie en personne puissent apporter leur concours sur un disque de Lynyrd Skynyrd ?
Que les fans de la première heure se rassurent, le groupe n’a pas radicalement changé Bien au contraire, cette alliance aurait même tendance à revitaliser son champs d’action, comme le démontre un titre sombre et rythmé comme "Floyd". Si dans l’ensemble "God And Guns" se fonde sur l’alternance entre ballades électro-acoustiques symbolisées par "Southern Ways", "Unwrite That Song" et "That Ain’t My America" au contenu néanmoins chaud et mélodique, les rednecks contrebalancent fièrement des titres nettement plus rentre dedans, à l’instar du morceau d’ouverture qui plombe littéralement par un riff lourd et prenant. Le très "Big Rock" et hit en puissance "Skynyrd Nation" vient renforcer cette sensation de force tranquille qui se poursuit sur un "Comin' Back For More" groovy et entêtant. Bien sûr, le point d’orgue déboule sur le titré éponyme. Cette reprise, initialement country, se transforme en véritable rouleau compresseur. De l’introduction en arpèges acoustique jusqu’au final blindé de guitares, tout le panache qui entretient la marque de reconnaissance de Lynyrd Skynyrd est une nouvelle fois particulièrement retentissant. Cette composante si caractéristique illumine également "Gifted Hands", un vibrant hommage à Billy Powell.
"God And Guns" est en tout point digne de son prédécesseur. Lynyrd Skynyrd affiche une forme éblouissante qui promet des moments "live" inoubliables. En tout cas, une chose est sûre, le rock a encore besoin de ce groupe qui a su traverser plus de trois décennies tout en restant fidèle et digne à sa ligne de conduite. "God And Guns" remet les pendules à l’heure et démontre une fois encore que le rock sudiste interprété avec autant de conviction et de talent a de beaux jours devant lui. Comme le clame haut et fort Johnny Van Zant, "Still Unbroken"...