Quelle claque, mes amis ! Oui, la vraie ! Celle que l’on n’attend pas du tout en glissant le CD dans son lecteur ! Autant le dire tout de suite, je n’avais aucune idée de ce que j’allais entendre en effectuant cette opération de glissage de disque. Eden House n’est pas un groupe mais un collectif où se sont satellisés des électrons autour des deux atomes compositeurs que sont Tony Pettitt (Ex-Fields Of The Nephilim) : bassiste posant ici et là des lignes monstrueuses pouvant faire vibrer les tours du World Trade Center si elles étaient encore debout, et Stephen Carey (Ex-This Burning Effigy): guitariste virevoltant au demeurant.
Les électrons, parlons-en, ne sont pas des demi-pointures : Bob Loveday, échappé du Bob Geldof’s Band entre autres ; Peter Yates, Nod et Paul Wright , fondateurs du Fields avec Tony; ainsi que Simon Rippin et Bob Irwin.
Passons ensuite au liant, celles qui concrétisent la démarche collective, les femmes qui prêtent leurs voix pour permettre au projet de se mettre sur la rampe de lancement. Elles non plus ne sont pas des inconnues : Monica Richards (Faith And The Muse), Julianne Regan (All About Eve), Amandine Ferrari et Evi Vine, excusez du peu.
Que du beau monde n’ayant qu’un but ultime: délivrer un album mélodique (gothique ?) de toute beauté. 10 titres pour 54 minutes de bonheur total. Et ça attaque fort, avec To Believe In Something, le seul titre chanté par Monica Richards. Quel décrottage de conduit auditif ! Le rythme soutenu de la batterie, accompagnée par une basse approfondissant le propos, permet à Monica de surfer sur le tsunami causé par le déferlement de décibels. On ne retrouvera pas cela avant l’avant-dernière plage, The Dark Half.
Ensuite, Julianne Regan prend le relais pour nous gaver de voix féminine à la Bel Canto. Sur un All My Love envoûtant et bigrement indispensable, les violons ne sont pas en reste et accompagnent fort à propos la dame. A partir de cet instant, le doigt est pris dans l’engrenage, les prémices d’un grand moment sont posées.
Amandine Ferrari arrive alors en grande pompe pour confirmer que le choix des vocalistes est totalement en adéquation avec la tonalité des compositions. Dans Gods Price, la basse mène le jeu, portant à bout de bras une batterie accompagnatrice et suiveuse. Le ton est lourd, noir et pesant.
Notre dernière intervenante est Evi Vine qui pose sa voix très typée Kate Bush sur Reach Out. Si le ton était pesant sur le morceau précédent, il est ici toujours porté par la basse et apporte une charge émotionnelle de grande envergure.
L’enchaînement Iron In The Soul / Fire For You est le sommet de cet album associant deux voix pour un grand morceau à facettes, à la limite du progressif. Noirceur et (presque) joie lovées en 14 minutes de déferlement de violons et guitares pleurants, assassinées comme il se doit par une basse flamboyante.
Alors, il pourrait être regrettable que le reste des morceaux s’enchaîne à l’avenant sans apporter une autre vision de la qualité des personnes composant ce projet mais, vous l’aurez compris, le propos d’Eden House est largement tourné vers les rythmes lents et porteurs d’émotion. Le mix (réalisé par Andy Jackson, qui travaille pour le Floyd et Gilmour !) met, et c’est indéniable, la basse de Tony au centre de l'œuvre. C’est elle qui charge l’atmosphère en lourdeur bienvenue dans le contexte de l’album.
Eden House nous offre donc avec "Smoke And Mirrors" une noirceur gothique d’un bel effet. Les corbeaux de mauvais augures espérant un faux pas pourront passer leur chemin. Car ne nous voilons pas la face, Eden House ayant frappé un grand coup avec ce premier essai, le projet sera attendu au prochain virage. Cependant, avec des compositions et une formation de cette qualité, nous ne pouvons qu’imaginer une suite aussi belle que ce qui a été montré avec ce disque. Du bien bel ouvrage…