Elevé au rang de quasi-star dans son Irlande natale, Mundy de son vrai nom Edmund Enright égraine tranquillement ses chansons pop- folk, de celles qui paraissent ne jamais subir les méfaits outrageux du temps, comme le font outre-Atlantique Bob Dylan ou Neil Young qui lui servent d’inspiration. Connu dès l’âge de vingt ans pour un morceau figurant sur la Bo du film Roméo + Juliette, Mundy prend depuis son temps entre chaque sortie mais connaît un succès qui ne faiblit jamais. Treize ans après « Jellylegs » paraît « Strawberry Blood”, sa quatrième production et un nouveau voyage au sein de son univers léger et empreint d'un certain raffinement.
Avec une facilité que beaucoup pourrait jalouser, Mundy accompagné de guitares tantôt acoustiques, tantôt plus électriques, installe des mélodies simples et sans fioriture que l’on sent d’abord plus proches de Van Morrison. Dans l’ensemble la chair de cette « Strawberry» est très organique, dans la pure tradition folk de ses muses qui lui collent à la peau et teintent nombre de ses titres.
Quartorze petites histoires, qui auraient très bien pu aussi être écrites sur la route, dans un hôtel entre deux concerts, tel cet éponyme « Strawberry Blood » où Mundy seul face à lui-même et armé uniquement de sa guitare semble discuter avec le vide qui l’entoure. Autant d’évocations tout en retenu, à certains instants proches du murmure. Jamais ne hausse t-il d’ailleurs le ton, et rares sont les fois où les cordes sémillantes des guitares amènent le convoi sur des routes plus rapides.
Par ci par là, interviennent quelques nappes de claviers, des effets de voix voire des bidouillages électro, signe que Mundy vit malgré tout avec son temps. La cold-wave de The Cure semble parfois aussi poindre le bout de son nez (« I…The Country ») mais c’est à travers un paysage presque intemporel, un décor qui aurait bien pu être daté d’aujourd’hui comme d’il y a trente ans, qu’il fait vivre ce grand bouquet de ritournelles qu’il n’aura pu se résigner par contre à amputer des un ou deux titres plus dispensables.
Sans prétention, Mundy offre sur un plateau sa musique sans fard, à l’instar de sa pochette peu encline à une introspection mélancolique. Sans être non plus transcendant, il délivre une bonne dose de plaisir à son écoute. En ces circonstances, Mundy précise que chacun « se doit de parler son propre langage pour être compris ». Ici au travers de sa musique, il parle un langage universel auquel tout le monde pourra adhérer.