Deux ans après un "Three Snakes & One Charm" au succès mitigé, les frères Robinson ont fait une grande lessive au sein des Black Crowes. Exit Marc Ford et Johnny Colt. Ce dernier est remplacé par Sven Pipien à la basse alors que Rich assure lui-même toutes les parties de guitares. Autre changement d'importance, les frangins ont confié la production de ce nouvel album à Kevin Shirley, producteur attitré d'Aerosmith. Il le laissent d'ailleurs seul à cette tâche alors qu'ils avaient pour habitude de partager ce travail avec ses prédécesseurs. Voilà des changements qui font craindre une perte d'identité des "corbeaux noirs", d'autant que ces derniers se retrouvent tout vêtus de blanc sur le visuel de l'album et sur les vidéos officielles l'accompagnant.
Et effectivement, la patte Shirley est évidente sur un début d'album tout en puissance. Le son est énorme, Gorman frappe comme une brute et il faut les interventions de slide et d'hammond pour ne pas se croire sur un nouvel album d'Aerosmith. Si elle est compensée par quelques titres typiques de la carrière des Crowes, cette perte d'identité se confirme cependant sur la durée, et se retrouve même doublée par quelques signes d'absence d'inspiration, comme sur ces "Heavy" et "Diamond Ring" aux riffs pourtant accrocheurs mais qui tournent vite en pilotage automatique, ou ce "Horsehead" peu digeste malgré ses chœurs.
L'ensemble reste tout de même de qualité et les frères Robinson laissent vivre la flamme qui les habite depuis leur débuts, sur des morceaux comme un "By Your Side" entraînant et un brin psychédélique, ou sur la ballade mid-tempo "Welcome To The Goodtimes" à l'ambiance New-Orléans et au refrain entêtant. "Only A Fool" et "Go Tell The Congregation" apportent leur dose de respiration bluesy et soul, alors que "Virtue And Vice" vient conclure cet album avec classe, à la fois puissant et mélodique et aux accents Beatlesiens.
Nous sommes donc loin d'un mauvais album, mais nous nous éloignons également de ce que les Black Crowes avaient pour habitude de nous offrir, et malheureusement, cet éloignement ne peut être crédité à une prise de risque visant à se renouveler. Au contraire, ces changements montrent clairement les signes d'une baisse d'inspiration et d'un début de formatage à visées commerciales. Il reste d'ailleurs un sentiment de manque à la fin de l'écoute de "By Your Side". L'ensemble est assez linéaire et monolithique et ne nous apporte pas l'élévation que nous attendions, et à laquelle ses prédécesseurs nous avaient habitué. Pas rédhibitoire, mais inquiétant !