Par une froide soirée de novembre 2001, je sortais d'un concert de Pendragon, au Bataclan, en restant d'une humeur plutôt maussade. Jugez plutôt : la prestation de Nick Barrett et de ses compères avait été d'une qualité pour le moins discutable et, de plus, le groupe de première partie n'avait selon moi rien à faire là. En rentrant chez moi, j'écoutais à nouveau l'album que j'avais acheté de ces inconnus venus de l'est de la France et ne mettais guère de temps avant de ranger l'objet en question dans la catégorie "Divers" de ma discothèque. Ce groupe, c'était Maï-Ak Affair.
Alors lorsque leur second album est arrivé chez Music Waves, je n'ai pas hésité longtemps avant de me l'approprier et de décider d'en profiter pour vous parler aussi de leur premier bébé : Marcher…
Allons-y sans détour, Maï-Ak Affair n'aurait jamais fait son entrée dans ces pages de ma propre initiative pour la bonne et simple raison qu'en matière de rock progressif, je vois plusieurs centaines d'albums à chroniquer avant de vous parler de celui-ci. Mais d'un autre côté, le but de ma présence est aussi de vous faire découvrir des groupes qui ont envie que l'on parle d'eux, quitte à prendre le risque de se faire descendre pour le simple motif qu'ils sont hors sujet.
Maï-Ak Affair fait donc du rock français dans le sens le plus communément admis du terme. Ne cherchez pas ici la moindre expérimentation à la King Crimson, le moindre plan free-jazz à la Flower Kings ou le morceau-phare de 30 minutes à la Genesis, vous seriez extrêmement déçu.
J'en vois déjà certains qui doivent se dire que je vais logiquement les assassiner. Qu'ils se détrompent : les taxer d'incompétence ou de manque d'imagination serait une injustice totale.
Car en matière de rock, il y a vraiment des rebuts et Maï-Ak Affair n'en est pas un. Toutes les compositions montrent un réel potentiel mais il y a en permanence sur cet album un petit quelque chose qui fait qu'on a envie qu'ils progressent.
Sur le plan des compositions, la qualité est certes présente mais les plans sont en général extrêmement "téléphonés". C'est vrai que lorsqu'on est fan de progressif, on a tendance à trouver tout ce qui n'est pas bancal un peu trop prévisible mais là, c'est quand même assez lourd, parfois.
De plus, les paroles en français traitant des thèmes dits "sociaux" ont tendance à me porter sur le système, même s'il s'agit évidemment d'une remarque tout ce qu'il y a de plus subjectif. Certains y trouveront certainement leur compte mais ce n'est pas mon cas.
Techniquement, rien à redire, tout roule, aussi bien au niveau de la prise de son, remarquable pour une autoproduction que de l'interprétation de chacun des musiciens. De plus, je ne peux m'empêcher de mettre une mention spéciale au chanteur qui m'avait positivement surpris sur scène et qui a une voix qui en ferait pâlir plus d'un dont je tairai les noms. Christian Décamps, chanteur réputé d'Ange, ne s'y est d'ailleurs pas trompé et se fait plaisir en duo avec Christian Knecht sur le morceau "Le Paon".
L'ensemble laisse globalement un sentiment positif mais manque d'un brin de professionnalisme, ce qui est certes compréhensible mais rend Marcher… assez dispensable. Je dois bien avouer d'ailleurs qu'en ma qualité de propriétaire de leur premier opus, j'ai plus le sentiment d'avoir aidé un groupe à continuer son chemin que d'avoir réellement enrichi ma discothèque. D'un autre côté, quand on aime la musique, n'est-ce pas aussi nécessaire de temps en temps de montrer simplement à un groupe le potentiel que l'on voit en lui ?