Deux ans après le premier Mourning Widows, Nuno et Donovan veulent prioritairement trouver un vrai batteur pour un vrai groupe qui tournera. Les recherches se font principalement dans la région de Boston et le choix s’arrête sur Jeff Consi. Le nouveau trio va rapidement composer pour un album qui sera assez différent du premier, Mourning Widows. D’une part par sa durée (47 minutes) et surtout par un contenu plus direct et moins léché. "Furnished Souls For Rent" est né et l’aventure peut continuer.
L’album débute sur "Furnished Souls For Rent" qui donne le ton d’un disque en fusion pressé d’en découdre. Le riff est abrasif et le chant de Nuno est assez tranchant. Bizarrement la batterie reste assez marquée du son du dernier album même si on sent l’apport bénéfique d’un vrai batteur. Le mélange de belles harmonies vocales et d'un rock très puissant est une vraie réussite. Dans le même genre, "No Regrets" garde cette marque très précise de la volonté d'être efficace. La guitare est plus saturée et moins variée dans les sons que sur "Mourning Widows". Le chant de Nuno est définitivement plus rocailleux et plus profond et les chœurs de Donovan et Jeff parfaitement dosés.
Hormis "Space" qui débute tranquillement et qui explose lors du refrain, il 'ny a pas de vraie ballade dans cet album. La basse de Donovan est bien mieux mixée que sur "Mourning Widows", conséquence logique de la forme très épurée des compositions. Plus que pour le précédent album, de larges plages sont laissées à la convenance de Nuno pour développer ses soli qui peuvent parfois durer. Dans cet esprit le solo de "Upsidedownside" est magnifiquement amené et est un modèle de toucher. Les compositions sont taillées pour le live et on regrette qu’un DVD n’ait pas été édité à l’époque. Parmi cette lampée de groove on retrouve des rythmes très saccadés qui donnent envie de se trémousser ("Monkey Paw"), du funk plus léger ("667"), du heavy qui envoie la purée ("Angerexia") ou de l‘atypique avec « Fuck You ».
Un autre signe de la solidité du groupe et de la volonté de Nuno de la jouer collectif, vient de l'implication de Donovan et Jeff dans la composition de presque la moitié des titres. Cette collaboration fonctionne particulièrement bien lors de 'War Paint', un titre qui ne paie pas de mine dans les premières secondes mais qui dévoile un très bon passage couplet-refrain. "Furnished Souls For Rent" se termine avec l’énergique 'Angerexia' et ses breaks de batterie ébouriffants. La tête tourne encore quand le disque arrête sa rotation. Quelques minutes de répits sont nécessaires avant d’appuyer de nouveau sur lecture. Enfin on soulignera l’intelligence des textes de Nuno Bettencourt qui n’a rien perdu de sa verve de l’époque d’Extreme ("Angerexia" par exemple ).
Ce disque sent l’urgence et quand on connait les conditions de sa genèse on comprend l’impatience de Nuno... Cette même intensité qui conduira sans doute le groupe à sa perte. Malgré tout, le portugais a réussi son pari de proposer un vrai groupe cohérent avec une musique très originale. Le désir de Bettencourt d’avoir un groupe stable à ses côtés ne va pas se réaliser et la flamme Mourning Widows va s’éteindre aussitôt après avoir puissamment brillé, le temps de deux albums devenus cultes.