Black Robot est le groupe né d’un projet fondé par l’ex bassiste de Buckcherry Johnathan "JB" Brightman en 2008. La première mouture de ce combo américain regroupait d’ailleurs d’autres membres de Buckcherry, en l’occurrence le guitariste Yogi Lonich qui accompagna également Chris Cornell et le batteur Devon Glenn. Stabilisé avec l’arrivée du guitariste suédois Andy Andersson et du batteur Daxx Nielsen, fils du légendaire Rick Nielsen de Cheap Trick, Black Robot a donc sorti son premier album sur un label indépendant.
Sans prendre trop de risques, il y a fort à parier que cet opus se tourne vers un rock’n’roll direct et furieux. La réponse s’en trouve pourtant assez mitigée. En effet, les musiciens ne rechignent en rien les influences d’AC/DC et Led Zeppelin, notamment sur le bondissant "Baddass" tout droit sorti de l’usine à riff des Young Brothers ou bien sur "In My Car" dont la construction à la fois puissante et mélodieuse s’inscrit dans une mouvance dont Page / Plant en furent les géniteurs.
Mais il serait bien entendu très réducteur de s’arrêter simplement sur ces deux géants du rock pour qualifier le contenu de ce premier album. Black Robot propose certes un hard rock très typé "seventies" mais qui conserve en lui une certaine spontanéité. Même sur les ballades "I’m In Love" et "Stop The World", sur lesquelles l’aura des années soixante dix est plus que palpable, cette volonté d’accommoder des sonorités dites "d'un autre âge" en cette fin de première décennie des années 2000 n’a absolument rien de suranné. Black Robot regorge de feeling à l’instar du punchy et groovy "Money" qui n’est pas sans rappeler avec un certain bonheur le contenu des premiers albums d’Aerosmith. Les Toxic Twins ont eux aussi beaucoup d’influence sur la musique proposée le quintette américain.
Alors reste-il suffisamment de personnalité à Black Robot pour s’imposer dans le monde impitoyable du rock’n’roll ? Sans hésitation, la réaction lorgne vers le positif. Un titre gonflé à bloc de feeling soul et plus personnel comme "Nervous Breakdown" ne peut que réconforter dans ce sens. D’autant que le morceau "Love On A .45" dégage cette fougue teintée d’insouciance sur fond d’accords déjantés et de soli en totale osmose avec cette impression pétrie de bonne volonté. Et comment passer sous silence la reprise de "Cocaïne" immortalisée par Eric Clapton. Black Robot se l'attribue par le biais d'une relecture groove'n'roll qui redonne à cette composition une sacré dose de pêche.
Cet album est à prendre comme il est proposé, c’est à dire sans chercher midi à quatorze heures le pourquoi du comment. Que les choses soient bien claires, Black Robot n’innove pas mais entame sa carrière sur du solide et avec une profonde conviction dans des valeurs qui n’ont plus rien à prouver. Si le but recherché est de passer un agréable moment bercé par un bon hard rock à l’ancienne et au charme loin d’être anachronique, alors ce premier cru de Black Robot est fait pour vous.