Quand la première mouture de Blue Öyster Cult apparaît en 1967 à Long Island, Donald Roeser est déjà de la partie. Cet homme, plus connu sous le nom de Buck Dharma, est l’un des trois guitaristes du groupe, pivot du combo doublé d’un très bon chanteur. Il sera, quelques années plus tard, encensé comme l’un des meilleurs guitaristes de son époque au même titre que des Blackmore ou Page. Le groupe, vite renforcé par la rythmique des frères Bouchard, les talents des multi-instrumentistes Allen Lanier et Eric Bloom (la voix nasillarde du groupe, le chant plus clair étant tenu par Dharma), écume les réseaux routiers de Long Island, oscillant entre hard-rock et rock psyché, et ouvrant parfois pour Muddy Waters ou Grateful Dead.
Durant cette période, le groupe se forge un son, un genre, que l’on qualifie souvent comme un rock "froid et tranchant comme une lame de rasoir". Il est à noter que l’une des forces du groupe est la qualité de ses textes, composés en majorité par l’ex-journaliste Sandy Pearlman, le sixième membre du groupe. Si l'on ajoute à cela le sigle fort de la croix du chaos que l’on retrouvera tout au long de la carrière du groupe, nous avons là tout pour fonder un groupe mythique.
Sorti en Mai 1972, "Blue Öyster Cult" va lancer les Américains sur le marché. Nous y trouvons plusieurs compositions qui deviendront des incontournables, rejoués presque à chaque concert depuis plus de 35 ans. Le premier est 'Stairway To The Stars', un titre rapide doté d’un riff accrocheur agrémenté d’un solo déjanté. La rythmique, unique, marque ce titre d’une empreinte psychédélique. Les suivants sont des définitions du rock à eux seuls. 'Cities On Flames' avec son riff éternel et son accélération sur la fin du titre deviendra vite un moment fort des concerts tout comme 'Before The Kiss…', plus soft et plus subtil se payant même le luxe de proposer un passage jazzy en son milieu.
Le dernier hit de l’album est la ballade magique 'Then Came The Last Days Of May'. Chanté par la voix spectrale de Buck (qui signe là le titre à lui seul), ce titre dégage un vrai feeling, une mélancolie qui file presque la chair de poule. Il faut dire que l’histoire ici narrée est vraie et plutôt sombre. On se plaindrait presque de voir le titre se terminer au bout de 3 petites minutes, ce dernier s’étalant sur parfois plus de 10 minutes en concert. Mais l’album ne se résume heureusement pas à cela ! Le curieux et musicalement très riche 'Transmaniacon MC' et le sautillant 'I’m On The Lamb…' viennent renforcer l’effet de surprise.
Défini comme la réponse américaine aux Black Sabbath et Led Zeppelin, Blue Öyster Cult frappe un grand coup avec ce premier album et s’impose d’emblée comme un groupe avec lequel il faudra compter. Et même si le son a bien vieilli, cet album éponyme marque, avec une certaine nostalgie, le début d’une grande et riche époque.