Cela faisait dix ans que l'on avait plus entendu parler de Blue Oyster Cult après son coup de maître "Imaginos" en 1988. Dix ans à errer de nouveau sur les réseaux routiers de Long Island, apparaissant de temps à autres sur des scènes plus grandes, dans certains festivals, comme à ses débuts. Blue Oyster Cult semblait bel et bien à la retraite. Mais c’était mal connaître Bloom, Lanier et Roeser, les trois fantasques et inspirés mages du rock.
Blue Oyster Cult entre dans le XXIème siècle avec un peu d’avance, et, renforcé par une rythmique alliant tour à tour finesse et mur de son, il délivre un album massif, doté d’une production énorme, de compositions brillantes et d’un son limpide. Rien n’est à jeter ici, chaque titre méritant l’écoute attentive. Côté artwork, l’album sort avec deux pochettes différentes dans un même boitier, une première très soft avec une jolie blonde qui semble gérer l’accès au paradis et une seconde bien plus sombre digne d’un vieux Hitchcock. Cela semble bien représenter les deux types d’ambiances bien distinctes - mais complémentaires - de cet album, souvent caractérisées par la répartition entre le chant de Bloom et Dharma.
Pour vous en convaincre, il vous suffit d’écouter le premier titre 'See You In Black'. C’est sans doute le titre le plus metal et puissant de toute la carrière du groupe avec son intro basse/batterie terrible, ses grosses guitares, son rythme soutenu, sa thématique douloureuse (les femmes battues) et son solo furieux. Dans la même veine, en moins brut et toujours sous le chant puissant de Bloom, on trouve tout d'abord un 'Hammer Back' qui, dans sa partie centrale, fait hommage à la période psychédélique de Blue Oyster Cult, suivi d’un solo d’anthologie ainsi que 'Power Underneath Dispair', mis en bouche par une superbe intro et au refrain prenant une fois sur deux le rythme à contrepied de façon bluffante.
Puis, il y a dans une autre veine, les titres à la Dharma, hantés par son chant doucereux et sa guitare qui envoute pour mieux inciser ensuite. 'Harvest Moon' en est le parfait exemple avec son ambiance spectrale, rehaussée de paroles sombres et inquiétantes suivi d’un solo de guitare sur une accélération bien sentie. C’est l’un des grands moments de l’album et l’un des seuls titres repris régulièrement en concert ce qui ne trompe pas.
La fin de l’album est dominée par la voix de Buck. Les titres sentent le folk avec un 'Real World' semi acoustique gavé de gimmicks de guitare et une reprise totalement acoustique ce coup –ci de 'In Thee', provenant de l’album Mirrors de 1979, durant laquelle Lanier brille par son jeu bluesy.
En dehors de deux titres un peu faibles, nous tenons avec "Heaven Forbid" un autre très bon album de Blue Oyster Cult, peut être même l’un des meilleurs, caractérisé par sa fougue, sa diversité, son énergie et sa luminosité. Le groupe se fera moins attendre avant la parution de "The Curse Of The Hidden Mirror" qui sortira seulement trois ans plus tard, dernier album studio du groupe à ce jour ...