Pour leur troisième opus (je ne compte pas l'EP et le live), les Isérois d'Ex Vagus ont choisi de miser sur l'anglais peut-être pour conquérir un public plus large que celui de l'Hexagone, mais au risque de rendre leurs textes plus hermétiques pour le pauvre français majoritairement "monolingue" !! Le pari est-il réussi ? un coup d'œil sur la note vous mettra sur la voie (ou la voix !).
D'entrée de jeu Ex Vagus confirme son positionnement dans le créneau du néo-prog symphonique puisant son inspiration dans le 'space opera' ou l'heroic fantasy'. Et pourtant, les textes se veulent plus actuels, moins 'sciencefictionesques', puisqu'ici on ne voyage pas dans l'hyper-espace. En effet, les sujets traités vont du génocide des Indiens américains à la pollution maritime en passant par les mémoires d'un mercenaire. Mais là où Nemo a pu choisir une ambiance sombre pour traiter de l'avenir de notre monde menacé, Ex Vagus a préféré l'emphase et la grandiloquence façon BOF des grandes fresques en cinémascope.
Les claviers de Dominique Barboyon s'envolent pour accompagner les paroles théâtrales d'un Eric Vedovati qui déclame dans une langue de Shakespeare quelque peu écorniflée par un net accent dauphinois. Les compositions sont sans surprise, avec les mêmes qualités d'interprétation, que je saluais sur les précédents opus, dues à des musiciens qui maîtrisent parfaitement leur technique. Les interventions de Xavier Le-loupp à la guitare sont souvent bien inspirées et un titre comme "Some fallen dust" relève du meilleur néo-prog, n'ayant pas à rougir de la comparaison avec les grands groupes anglais ou hollandais.
Je pourrais presque devenir accroc aux arabesques musicales d'Ex Vagus si il n'y avait l'écueil du chant. L'utilisation de l'anglais ne change rien à l'affaire, ce Dream Object 5, comme les précédentes prestations du groupe, ne squattera pas longtemps ma platine. Mais je comprends aisément que certains lui trouvent quelques vertus auxquelles je ne sais accéder.