Le rock alternatif anglais est vraiment très prolixe et malgré la proximité entre la France et le Royaume-Uni, de nombreuses formations ont beaucoup de mal à traverser la Manche. Pour exemple le groupe qui nous intéresse aujourd’hui, InMe, sort son quatrième album nommé Herald Moth et c’est une découverte pour votre serviteur. Une petite recherche sur le net nous apprend que ce jeune groupe pratique un rock alternatif assez calibré charts anglais avec une certaine maîtrise instrumentale. Le fait que cet album soit disponible via le label alternatif de Inside Out, Superball Music, a été le dernier déclencheur de ma curiosité. Le « herald moth » est un papillon très commun de Grande Bretagne, comme pour mieux signifier qu’une mutation a été opérée par le groupe depuis les premiers albums plus orientés néo-métal à la Linkin Park.
L’entrée en matière de cet Herald Moth est percutante avec une introduction calme qui déboule sur un riff saccadé et très remuant. La basse et la guitare sont très actives et quelques signes nous font irrémédiablement penser au groupe The Butterfly Effect, aussi inscrit au catalogue Superball, qui nous avait déjà enchanté avec son rock il y a quelques mois. « You won’t Hear From Me Again » montre un visage contrasté avec un refrain hyper mélodique, des cris déchirants de Dave McPherson et des parties instrumentales très solides avec notamment les soli prodigieux de musicalité de Ben Konstantinovic. Ce premier titre a tous les atouts pour introduire un album de la meilleure des manières et on reste scotché par ces cinq premières minutes très impressionnantes.
« Belief Revival » remet le couvert avec plus de linéarité mais autant de talent pour les mélodies et même si « Nova Armada » refait tomber la pression, sa séquence instrumentale de fin de morceau typée Oceansize lui confère une place de choix dans les morceaux de tête de l‘album. Même quand InMe fait dans le rock pour ados, comme avec « Single of the Weak » (d’ailleurs choisi pour la promotion de l’album sur tous les médias), il génère une musique fortement addictive.
Tout ça nous amènerait à considérer cet album comme une sortie majeure de cette année dans sa catégorie, pourtant très riche, si la réalité n’en était autrement. En effet, le disque montre malheureusement quelques signes d’essoufflement à partir des deux tiers avec moins de surprises et surtout moins de prises de risque. On devient rapidement coutumier des rythmes, des riffs et des mélodies qui semblent se répéter mais avec moins de dynamisme et de créativité. La bonne ballade « I Will honour You » de fin d'album ne rivalise aucunement avec « All Terrain Vehicle », et « The Art Of Moderation » met un « Master Storm » définitivement très insipide aux oubliettes.
Le virage effectué par InMe au profit d’un rock alternatif plus musclé est une réussite qui permet à ce jeune groupe talentueux d’intégrer la très confidentielle écurie SuperBall Music. Sans la baisse de régime de fin d’album, la note aurait été rehaussée d’un point. InMe aurait été plus inspiré de privilégier la qualité à la quantité plutôt que de vouloir absolument tirer sur la corde et ainsi proposer un disque déséquilibré dans lequel se côtoient le très bon et le moyen. Malgré tout, avec ses premiers morceaux, Herald Moth nous aura régalé et même impressionné. Ainsi, nous gardons le meilleur de cet album en espérant que InMe sache mûrir encore un propos non dénué d’intérêt.