La longue et tourmentée histoire de Stratovarius commence en Finlande en 1984 quand le groupe se forme autour du batteur Tuomo Lassila. Son tournant se produit en 1985 quand Timo Tolkki le rejoint au poste de guitariste et de chanteur. Le premier album du groupe ne voit pourtant le jour que quatre ans plus tard, en mai 1989, après une démo sortie en 1987 et deux singles courant 1988. Fright Night est intégralement l’œuvre de Timo Tolkki qui a composé toute la musique et écrit toutes les paroles des chansons. Il a été enregistré et mixé dans les studios Finnvox qui deviendront rapidement les studios de référence du groupe.
Musicalement, Stratovarius propose les bases de ce qui fera son succès dans les années qui suivront, à savoir un speed métal mélodique agrémenté de claviers, le tout avec un guitariste fortement influencé par Ritchie Blackmore ou Yngwie Malmsteen. Mais ce premier disque sonne encore très vert et montre un groupe bien jeune qui a enregistré son disque avec trop de précipitation. Instrumentalement et vocalement, l'ensemble n’est pas encore parfaitement au point. La production est d’ailleurs assez faiblarde, la guitare ayant du mal à se faire entendre et le tout manque pas mal de puissance. De plus certaines compositions sonnent comme des ébauches de titres, parfois même comme des démos qui n’auraient pas eu le temps d’être achevées.
En fait, Fright Night nous permet surtout de découvrir les débuts du groupe, et malgré ses nombreux défauts, il conserve un aspect attachant. Retrouver un Stratovarius balbutiant a quelque chose de sympathique que n'ont pas encore gâché les errements artistiques et humains que le groupe connaitra par la suite : l’aspect naïf du disque n’en est que plus frais.
Toujours est-il que l'on ne gardera que peu de choses de cet ensemble de neuf titres. Future Shock ouvre le disque et préfigure bien la suite avec ce chant rapide et aigu, que Tolkki ne maîtrise pas encore tout à fait sur les passages les plus rapides, ainsi qu'un solo véloce et mélodique et un refrain facilement mémorisable. Il est juste dommage que le son handicape le titre de cette manière.Il faut aussi retenir la chanson éponyme qui du haut de ses huit minutes propose une musique plus sombre et heavy traversée par quelques accélérations ; même si tout n’est pas parfaitement maitrisé, l’aspect épique de la chanson est particulièrement prenant. Dans le même esprit, Darkness, chanson un peu plus lente, tire tout son charme de l'aspect épique et planant que l'on retrouve sur quelques passages, en particulier sur le break très mélodique intervenant aux deux-tiers du morceau. Ces deux titres sont assez clairement annonciateurs des furturs morceaux épiques que Tolkki proposera plus tard et augurent bien d’un excellent niveau de composition.
Mais quelques ratés doivent être mentionnés : False Messiah et Witch Hunt sont assez banales et finissent brutalement, cette dernière s’avèrant de plus assez pataude. On trouve aussi deux instrumentaux, Firedance et Goodbye. Le premier mouline dans le vide et est juste prétexte à de stériles démonstrations techniques. Quant au deuxième, plus court et acoustique, est de meilleure qualité mais aurait gagné à durer plus longtemps. Enfin le chant de Tolkki plombe clairement certains titres, dont Night Screamer qui en pâtit tout particulièrement.
Ce Fright Night est à l'évidence un disque mineur de la carrière de Stratovarius. On ne le conseillera pas à des novices qui souhaiteraient découvrir le groupe, n’importe quel autre opus du groupe faisant largement mieux l’affaire. Un disque réservé aux fans qui souhaiteraient se faire une idée des balbutiements d'une formation qui deviendra plus tard une référence dans son genre.