Senza Tempo est le deuxième album du groupe italien Ubi Maior qui s’était fait remarquer en 2005 avec son premier disque Nostos. Ce ne sera pas trahir un secret que de dire qu'Ubi Maior se délecte du rock progressif classique des années 70. Les sons utilisés ici en sont la preuve indiscutable avec l’utilisation, entre autres, des claviers vintage et du mellotron. Le disque comporte un morceau en 4 parties (Morte) disséminées tout du long des 10 compositions qui nous sont proposées dont 3 (Sogno, Distruzione et Destino) proches des 10 minutes.
A la première écoute, il est probable que le chant (en italien) vous fera hérisser les poils tant la voix de Mario Moi est un peu brute, avec une expression théâtrale assez prononcée. Cependant, après plusieurs écoutes, cette voix souvent associée au violon s’adapte particulièrement bien aux longs morceaux à tiroirs et exprime sa finesse lors des passages lents comme le final de Distruzione ou la mid-section de Delirio.
L’orgue Hammond combiné au Mellotron souligne la qualité des compositions qui sont empreintes d’une chaleur latine permanente, portée en cela par une guitare virevoltante à souhait capable de produire des soli haletants (Delirio). Morte est dans le pur style PFM dopé au Moog et l’Hammond sur les 3 premières parties, la dernière laissant la guitare acoustique s’exprimer. Mais la pièce maitresse de cet album est Destino qui marque de sa grandeur cet album. C’est simple, cette composition pourrait être tout droit sortie d’un album de Pallas tant les similitudes sont présentes : nappes et solis de synthés, interventions des guitares, alternances des passages lents et rapides,…etc. Même la voix de Mario épouse celle d’Alan Reed !
Ubi Maior vient donc de pondre un album intéressant pour peu que l’on arrive à appréhender la voix particulière et le chant en italien de Mario Moi. Cependant, le groupe a su éviter l’erreur de positionner Destino dés le début du disque et le judicieux enchaînement des morceaux crée une tension progressive et permanente, explosant au moment opportun.
Ce disque m’a permis de passer par plusieurs phases : rebuté, intéressé puis conquis. Avec Senza Tempo, Ubi Maior a confirmé le potentiel entrevu en 2005. Il a eu l’intelligence de travailler son propos et de ne pas aller trop vite en besogne. Au final, nous avons un album structuré, privilégiant les morceaux longs, positionnant le groupe comme un outsider dans le milieu du prog seventies.