Cette fois-ci, Blue Öyster Cult ne nous fera pas attendre 10 ans entre deux albums studio. Cette sélection de nouveaux titres sort trois ans à peine après un « Heaven Forbid » inattendu (on croyait le groupe en fin de carrière) sous le mystérieux nom de « The Curse Of The Hidden Mirror ». A la vue du titre, on comprend que le groupe n’en a pas fini avec l’occulte et la science fiction.
L’artwork, plutôt sympathique, se veut artistique et chatoyant, à l’image de la musique proposée.
Toujours épaulé à la compo par Shirley, ce nouvel effort se veut moins « rentre dedans » que son prédécesseur et nous renvoi même, sur certains titres (Dance On Stilts, The Old Gods Return, One Step Ahead Of The Devil) aux ambiances des débuts à Long Island. Le son reste quant à lui très moderne, puissant et bien rendu au mixage.
Dès le premier titre, « Dance On Stilts », on reconnait la patte du BÖC : un bon riff, une voix calme et posée, une rythmique travaillée, des chœurs chaleureux et un passage très californien (à la Toto) sur les deux dernières minutes, garni d’arrangements assez techniques mais pas pompeux pour un sous. C’est sans aucun doute l’un des meilleurs de l’album.
Le sympathique « Showtime » rappelle si besoin est que Dharma manie la guitare comme personne. Son refrain popisant est agréable et le groupe se permet même un petit passage reggae. Le Cult ose, se fait plaisir, et ça se sent.
Puis, le combo réaffirme qu’il a écrit les pages sacrées de l’histoire du hard-rock avec les terribles « The Old Gods Return » et sa belle ligne de basse et « One Step Ahead Of The Devil » et son alternance slow et up tempo, tous deux chantés par un Eric Bloom en pleine forme. Les riffs sont éternels, les chœurs sont présents et le second titre comporte des passages à la Purple (tout comme « Eye Of The Hurricane », avec son clavier à la Perfect Strangers et sa section solo énorme).
Dans la catégorie moments forts, on peut nommer la superbe ballade « Out Of The Darkness », sublimée par une guitare toute en feeling et la voix posée de Bloom (comme quoi les compos signées avec le bassiste Danny Miranda ne font pas honte à l’histoire du groupe). « Stone Of Love » est à mon goût le meilleur moment de l’album, un rock épique et puissant qui contient toute la fougue, la musicalité et le professionnalisme d’un tel groupe. Bobby Rondinelli est tout bonnement époustouflant sur la fin du titre. Le dernier morceau est pour le moins surprenant avec sa rythmique prog’ jazzy, ses touches de guitares et de claviers tout en finesse. Pour un peu, sur les couplets et solo, on se croirait dans un Jazz rock à la Lukather.
Les titres les plus faibles sont dans le désordre et trois chevaux : le léger « Pocket » pourtant doté d’un très bon refrain de Buck, « I Juste Like To Be Bad » faussement niais qui aurait pu figurer sur « Spectres » et « Here Comes That Feeling », un titre classique à la Dhrama, mais sans l’aura mystique pour le coup.
Encore un bon album à mettre à l’actif de Blue Öyster Cult, très bon par moment, même si sur certains titres, il semble manquer un petit quelque chose pour en faire des classiques. Si ce n’est pas l’un des meilleurs albums du groupe, c’est sans doute (souhaitons que je me trompe), leur dernier effort studio et rien que pour cela, et le cœur mis à l’ouvrage (le groupe reste 100% honnête), il mérite le détour. Cet album devrait plaire également à ceux qui affectionnent l’AOR.