Mais qu’ai-je fait ? Ne puis-je pas me taire de temps en temps ? Laissez moi vous expliquer la raison de mon désarroi. Nous, les gentils chroniqueurs de Music Waves avons la chance de pouvoir proposer à nos chefs (en plus de notre boulot harassant) toute la discographie d’un groupe que nous aimons… et moi j’aime Joan Jett. Cependant, je ne me suis rendu compte de la banderille d’album que la belle et ses Blackheart de compères avaient pondu qu'une fois la proposition faite ! Maintenant, je suis piégé et si je ne tiens pas mon engagement, je vais me faire virer. Donc, à tout bonheur, tout honneur, laissez moi vous conter la discographie de Joan en commençant par son deuxième album, j’ai nommé "Bad Reputation" qui est la réédition à l’identique du premier paru un an plus tôt en 1980 et que je passerai logiquement sous silence.
Après la séparation des Runaways en 1980, Joan se lance dans une carrière solo et commet cet album de 12 titres regroupant ses premiers morceaux et quelques reprises dont Do You Wanna Touch Me, Doing Alright With The Boys (originellement de Gary Glitter) ou encore Wolly Bully. Les différents titres oscillent entre hard-rock léger et gros rock, et si la production de 1980 n'a pas très bien vieillie, la version remastérisée de 1999 lui redonne un bon coup de jeune, notamment au niveau du traitement de la voix.
Que dire du propos artistique de Joan Jett ? Qu’elle tâtonne, qu’elle se cherche, mais déjà les prémices de la base rythmique rapide guitare/batterie/basse ultra connue de I Love Rock’n’Roll sont présents, Do You Wanna Touch Me, Doing Alright With The Boys, Too Bad On Your Birthday et le morceau éponyme en étant les preuves cinglantes.
Make Believe, Let Me Go et Shout ressortent teintés de touches Beach Boys gominés à la disto, et il arrive d’y entendre les « Shoubi dou oua » si caractéristiques de ce groupe. Joan Jett y va aussi de sa ballade douillette (You Don’t Own Me) avec intro/couplets joués au piano, sur-vitaminée par la guitare au niveau du refrain. Ce titre est aussi le premier où apparait un saxophone en support « classique ». Ça teste, tourbillonne, la démarche évoque un patchwork musical difficile à appréhender si on ne connait que le seul I Love Rock’n’Roll, mais rappelez-vous : elle n’a que 23 ans !!
Avec ce premier album, Joan Jett a su attirer à elle les laissés pour comptes musicaux de cette période. Alors certes, la production inégale de l’époque dessert un peu les morceaux qui manquent naturellement de profondeur, mais l’histoire du rock sera marquée à jamais par ce disque d’une rebelle en devenir. A recommander en version remaster, ainsi que son deuxième album qui sortira la même année : "I Love Rock’Roll"… mais ceci est une autre histoire.
A noter que la version remaster possède 7 plages supplémentaires dont 1 titre live ainsi que 3 plages vidéos. Un bon investissement.