S'il est bien un reproche que nul ne peut adresser à ce duo rocambolesque qu'est Heart of Cygnus, c'est qu'il se repose sur ses lauriers ! En effet, quelques mois seulement après leur dernier album, revoilà Jeff Lane et son comparse de toujours, Jim Nahikian, avec un EP qui, du long de ses 31 minutes, a cependant tout d'un troisième album. Et la surprise est une nouvelle fois au rendez-vous !
Après Utopia, voici donc un deuxième concept-album, ou concept-EP, comme vous le sentez. Peu importe la définition, d'ailleurs, un simple coup d'œil à la pochette, et vous aurez compris de quoi il est question cette fois-ci... Ambiance Star Trek, costumes en lycra et dogfights interstellaires... Oui, c'est de science-fiction qu'il s'agit ! Un thème rétro qui colle à merveille à la musique, elle aussi délicieusement rétro. Les influences du duo sont toujours les mêmes : Maiden, Rush, Queen et compagnie ; et comme auparavant, celles-si sont parfaitement assimilées et ne débordent pas à l'excès dans les compositions, marquées d'une identité forte. La production poussiéreuse en rajoute une couche, et décevra peut-être les auditeurs ravis des progrès constatés à ce niveau sur l'opus précédent, mais c'est voulu. Il est bon ici de rappeler qu'il s'agit d'une production maison, et qu'en l'état, elle n'a pas tellement à en rougir ! Le manque évident de moyens n'empêche pas Jeff Lane de nous ravir avec des arrangements magnifiques, comme sur "Starship Trooopers" par exemple.
De plus, la direction artistique ne rend pas l'ensemble monolithique, bien au contraire. On passe d'un rock débridé rappelant le Queen des années 70 ("In The Days Of The Galactic Alliance") à des parties qui ne sont pas sans faire penser à Ayreon, en version "garage" ("The Last Man"), sans parler des délires inclassables comme "XBSN", la petite bombe délurée qui clôture cet EP passionnant. Mais le gros morceau, c'est bien "Space Trilogy", un epic de plus de 15 minutes qui vous emmènera aux quatre coins de la galaxie avec le sourire.
Tout ceci est évidemment très "vintage", aussi ne vous attendez jamais à entendre un gros riff saturé, de la double pédale ou même des claviers symphoniques... Intimiste, sensible, la musique de Heart Of Cygnus se développe paisiblement, sans se presser, sans emphase inutile, et préfère véhiculer des émotions simples. A ce titre, il faut saluer une fois encore les qualités vocales de Jeff Lane, qui transmet de bien belles choses, tant en lead qu'avec les chœurs. L'usage de samples extrêmement typés parachève ce flashback au royaume de Flash Gordon.
En bref, cette sortie, sans être indispensable, montre que nos deux amis continuent à progresser, et à faire évoluer leurs créations. On attend désormais avec impatience leur prochain album, en espérant qu'il attise cette fois l'intérêt d'un label...