Il aura fallu quatre années et bon nombre de rumeurs pour que RAMMSTEIN réussisse à pondre un successeur au très décrié Rosenrot. Les informations concernant la mauvaise entente régnant entre les membres du groupe, le projet solo de Richard Kruspe (EMIGRATE) et le temps pris par les allemands pour sortir Liebe Ist Für Alle Da (L'amour est là pour tous), faisaient craindre le pire, tant en termes de résultats que de pérennité du groupe. Et il faut reconnaître que le résultat est très… mitigé.
Nous pouvons au choix, voir le verre quasiment plein, en considérant que le groupe est toujours aussi à l’aise pour créer des titres entraînants, puissants et efficaces tout comme on peut également faire le constat que ce verre est percé et que, album après album, ce qui faisait le charme de RAMMSTEIN, à savoir un sens indéniable de l’efficacité allié à une puissance et une originalité réelle, est en train de devenir une recette que le groupe s’évertue à proposer à l’envie. La période de créativité de RAMMSTEIN, a pris fin en 2001 avec la sortie de Mutter. Depuis, le groupe semble gérer son succès et tente de maintenir la poule aux œufs d’or bien vivante.
Ainsi, outre la qualité de la production réalisée par Jacob Hellner, on pourra apprécier des titres comme le très classique mais bougrement efficace « Rammlied » (La chanson Ramm), le très métal « Waidmann's Heil » (Le salut du chasseur) à l’intro rappelant le cor de chasse et à la rythmique de plomb ou encore le décrié « Pussy » (vous souhaitez réellement la traduction ?), qui est certes un peu commercial mais malgré tout très réussi au niveau musical. Ayons la faiblesse de penser que la chanson est réellement un plaidoyer (maladroit) contre le tourisme sexuel.
« Frühling In Paris » (Printemps à Paris) est également très intéressant et représente peut être la seule tentative du groupe de s’affranchir un peu de leur recette traditionnelle. Ce morceau, qui intègre des paroles en français empruntées à Edith PIAF, nous montre un RAMMSTEIN décalé qui semble en quête d’une démarche artistique sincère. On pourra enfin retenir « Wiener Blut » (Sang de Vienne), inspiré par le fait divers ayant vu Josef Fritzl séquestrer une jeune autrichienne dans sa cave, qui est porté par un mur de guitare et des riffs assez impressionnant.
Liebe Ist Für Alle Da est donc un album correct qui provoque encore quelques plaisirs. Mais la jouissance ultime n’est plus là, un comble pour un groupe qui fait du sexe une grande part de son fond de commerce. Plus grave encore est le sentiment que la formation devient caricaturale dans sa volonté (politique marketing) de jouer la carte de la provocation gratuite. On est en droit d’attendre que le groupe fasse parler de lui par sa capacité à évoluer, à créer et à surprendre et non pas grâce à un clip porno destiné à créer le buzz ou à une édition « deluxe » qui contient, outre l'album, six godes roses, une paire de menottes et une bouteille de lubrifiant.... Des titres tout juste bons, voilà qui pourra paraitre difficilement acceptable de la part d’un groupe de la trempe de RAMMSTEIN.