« Cher Practical Weapon,
Ce que j’ai à t’écrire est assez pénible, et sans doute seras tu assez triste de me lire, mais ne vois dans mes écrits que le fruit d’un regard extérieur posé sur ta musique, en aucun cas un acte de méchanceté gratuite. Cher Practical Weapon, j’ai bien écouté ton album To Date We Do Not Have Music, et j’ai lu tout ce que je pouvais trouver d’information sur toi sur la toile, ce qui m’a sans doute aidé à mieux te cerner sans pour autant pouvoir totalement te comprendre.
Sur ton MySpace j’ai donc pu lire que tu avais lancé ton projet en 2005 à la suite d’une soirée quelque peu arrosée, que vous étiez trois à son origine, mais vingt au total présents sur l’album, qu’il s’agissait d’un projet parallèle pour chacun d’entre vous, que l’album était conceptuel dans un sens puisque tous les morceaux partageaient le même texte, et qu’il s’agissait avant tout de s’amuser. Tout cela je l’ai bien noté, mais à aucun moment je ne suis parvenu à trouver une raison objective qui pourrait expliquer que tu aies à ce point gâché ta musique.
Car oui, pour en arriver à ce qui nous fâchera sûrement, mais qui constitue tout de même le cœur de cette chronique, je suis désolé de te dire que je déconseille avec ferveur ton album. Laisse-moi désormais t’en expliquer les raisons objectives. Tout d’abord, tu as écrit sur ton MySpace que l’enregistrement s’était fait en studio, mais entre guitares sales, voix grésillante et batterie résonnante. Je ne saurais que trop de conseiller de changer rapidement d’ingénieur son, ou d’en récupérer un de toute urgence. Comprends bien que le côté grunge ou garage que tu as peut-être voulu exploiter n’est pas ce que je critique, mais il y a de bien meilleures façons d'être « sale » sans pour autant être inécoutable. La qualité de l'interlude à la guitare de Out est ainsi tout bonnement inacceptable, tout comme la quasi-totalité des vocaux, et autant l’avouer des morceaux suivants.
Pourtant, tu n’es certainement pas dénué d’un certain talent, voire de manière sporadique d’un talent certain. Après avoir du subir le basique "Cylinder" et ses beuglements insupportables, je suis ainsi très agréablement surpris de me voir offrir un "Vista" fort agréable en guise d’interlude acoustique-mélodique. Ce n’est sûrement pas du Chopin, mais c’est tellement plus plaisant que ton introduction que je m’en réjouis déjà et espère à nouveau. Malheureusement tu as pris le parti de vouloir souffler le chaud et le froid, me gratifiant d’un "Pull" relativement prenant dans son ambiance et ses "riffs", mais là encore aux vocaux incompréhensibles à tous points de vue. Le calvaire s’achève, et "Turn" tente à nouveau d’expier ses fautes en calmant le jeu. Dommage qu’il soit si mal produit, ce titre étant l’un de ceux à retenir dans ton effort.
Mais c’est avec "Cog" que tu m’as perdu, et si je n’étais pas caractérisé par l’acharnement qui est le mien, je n’aurais sans doute pas poussé plus loin mon écoute de ton album. Mêmes défauts que ceux précédemment énoncés, perpétués sur "Out", "Slate", "Fist", "Exist", qui pourtant m’avait presque reconquis, et "Noisecut", qui consume notre rupture sur l’autel d’effets électro dont je cherche encore le pourquoi du comment.
Cher Practical Weapon, je ne sais trop comment conclure cette lettre ouverte et cette chronique tant tu sembles t’être employé à faire de ce disque un exutoire pour tes envies et une prise de risque permanente. Il est difficile dès lors de te blâmer absolument, mais comment t’attribuer des louanges alors qu’à aucun moment tu ne sembles être totalement concerné par ce que tu fais ? Si tu l’avais été, comment aurais-tu pu laisser passer autant de négligences et d’imprécisions ? Je m’excuse donc de t’attribuer une note aussi dure, mais c’est pour moi le prix de l’objectivité, et pour toi le prix du progrès. Te souhaitant une bonne route et rapidement d’autres projets. »