Décidés à ne pas perdre le rythme, les frères Abbott remettent une troisième fois le couvert en 1985, après deux parutions plutôt inégales. I Am The Night conserve sensiblement les mêmes défauts et les mêmes qualités que ses prédécesseurs...
Ses défauts, le groupe les a hérités du glam de leurs débuts, du vrai rock pour minettes, kitsch à souhait et bardé de poncifs. Il les doit également à une immaturité encore évidente : Darrell nous refait ainsi le coup de la piste solo, une horreur informe pleine d'effets indescriptibles tant ils sont mauvais.
Ses qualités, en revanche, lui sont propres. Et en premier lieu, une envie d'évolution qui ne se dément pas. Le thrash, et à plus large titre le heavy metal des années 80 continue à influencer durablement les compositions, qui sont manifestement plus enlevées. Les riffs sont plus vifs, les solis plus criards, la basse se met à ronfler et à claquer de partout, la batterie bombarde avec application, et le ton général se noircit quelque peu. Ca ne vole toujours pas très haut, mais le fossé qui sépare ce disque de Metal Magic, sorti seulement deux ans plus tôt, est explicite. Pantera n'est déjà plus le même groupe.
Cependant, tout n'est pas rose (sauf la pochette, d'un mauvais goût rarement égalé). Bridée par un Terry Glaze qui montre ici les limites évidentes de son registre, et est clairement à la peine sur les titres les plus agités ("I Am the Night", ou encore "Down Below", que le groupe ré-enregistrera carrément sur l'album suivant), la machine Pantera ne parvient pas à se libérer totalement du carcan 80's qui lui colle à la peau.
Presque plus mal produit que Projects In the Jungle, par un Jerry Abbott lui aussi dépassé par l'appétit de ses fistons, I Am the Night cristallise malheureusement les imperfections du groupe, sans en magnifier les qualités. Pantera s'améliore, mais n'innove pas... Pas encore...