A partir de "Power Metal", tout change pour Pantera. Exit Terry Glaze et bienvenue à celui qui deviendra le frontman iconique du quartet, Phil Anselmo, l'élément qui, combiné au talent du trio déjà existant, va propulser le combo toujours plus loin. Son timbre éraillé, qui hésite toutefois encore à s'affirmer et reste plutôt haut perché, contribue à souligner le durcissement du ton. "Power Metal", dont le titre fut honteusement récupéré par une branche musicale radicalement différente, n'est pas un disque de glam. C'est un vrai disque de heavy metal, carré, sauvage, ambitieux et innovant.
Du riff de "Power Metal", hymne Thrash, à ceux du vénéneux "Over And Out", Darell lâche tout ce qu'il a dans une furie éblouissante. Nous sommes encore loin des prouesses qui feront de lui un guitar hero mais ses influences désormais digérées n'alourdissent plus son jeu. Le frangin n'est pas en reste, et y va joyeusement de la double pédale, entre deux breaks jouissifs, soutenu par un Rex avec lequel une communion du groove est en passe de s'établir pour de bon, comme le prouve la rythmique décapante de "Death Trap".
Les derniers restes de glam sont à chercher du côté de "Hard Ride", un tube en forme de power ballade avant l'heure. Une vraie petite pépite, à l'écriture lumineuse et à l'efficacité incontestable. Darrell montre ici qu'il n'est pas qu'un shredder et que son art peut aussi s'exprimer dans un registre – relativement – plus calme. Les fans de Thrash ne seront sans doute pas satisfaits mais les amateurs de mélodies entêtantes et de refrains que l'on peut chantonner seront aux anges. A noter aussi la présence de "Down Below", issue de l'album précédent, qui est ici reprise avec Phil et qui bénéficie d'un son bien meilleur.
Avec "Power Metal", Pantera passe à la vitesse supérieure et s'apprête à donner un nouveau souffle à un genre en perte de vitesse.. Le groupe continuera à galérer un peu plus d'un an, écumant les bars et clubs du Grand Sud, développant son jeu de scène et son appétit pour l'excès, jusqu'à ce qu'un beau jour, un responsable A&R (Artists & Repertoire) de chez Atlantic Records ait la bonne idée de se trouver dans la même boîte que le quatuor, un soir de tempête... La suite fait désormais partie de l'histoire du métal.