Il existe des groupes qui savent remettre au goût du jour de vieilles sensations sonores avec une incontestable et forte conviction. Suicidal Angels fait partie de ces nouveaux groupes qui trouvent l’inspiration assumée de leur musique chez leurs aînés. Si la plupart des groupes de thrash d’obédience old school ratissent large au niveau de leurs influences, d’autres ont indéniablement et profondément été marqués par un seul groupe. Et les Grecs de Suicidal Angels ont de toute évidence comme seule et unique référence les maîtres du thrash. A l’écoute de ce premier album "Eternal Domination", aucun doute possible, Suicidal Angels est le fils spirituel musical de Slayer, mais période pré-"South Of Heaven".
Sorti en 2007, sur le label américain confidentiel "Old School Metal Records", "Eternal Domination" est un album qui dépote et vous met cette petite claque salvatrice dérouillante. Suicidal Angels est habité de la même hargne que Slayer à ses débuts. "Eternal Domination", si on peut se permettre une comparaison audacieuse, c’est la même urgence qu'un "Reign In Blood".
Bon d’accord, Nick Melissourgos et Themis Katsimichas ne sont pas Kerry King ni Jeff Hannemann. Les Grecs sont loin techniquement de leurs aînés et les soli de guitares émaillant ce premier album peuvent presque se compter sur les doigts d’une seule main. Quant à Orfeas Tzortsopoulos, ce n'est pas non plus Dave Lombardo, même si ce cogneur assure plutôt bien derrière ses fûts.
Certainement conscients de leurs limites, les Grecs jouent donc la carte du va-tout riffs et c’est cela qui les distingue de leurs aînés. Ecouter Suicidal Angels, c’est bouffer du riff à la pelle et mieux vaut être initié au thrash pour se délecter pleinement de cette profusion de riffs à la sauce slayerienne. Dommage que les trop rares riffs véritablement mémorisables ne soient pas davantage exploités ("The Prophecy"). Quant au chant, s’il n’est pas sans rappeler la cadence de Tom Araya et la voix rugueuse de Nick Melissourgos est quelque peu teintée black métal sur cet album.
Finalement, Suicidal Angels est à Slayer ce que Bonded By Blood est à Exodus ou Airbourne à AC/DC. Les Grecs s’imposent avec ce premier album comme une sorte d'ersatz d’un jeune Slayer. Chacun appréciera ou pas d’avoir une copie non dénuée de talents mais sans les grandes qualités de l'original. N’empêche que Suicidal Angels se démarque des autres groupes de thrash old school en proposant autre chose qu’un brassage plus ou moins adroit de multiples influences. La filiation est ici largement assumée et cela fait du bien d’entendre enfin du vieux neuf différent du reste des productions courantes. "Eternal Domination", c’est 38 minutes de thrash rouleau compresseur efficace avec en prime un très bon son. Voilà un groupe et un album qui risquent fort de contenter les mordus de thrash old school.