Dans l'existence ingrate qu'est l'activité d'un chroniqueur, il existe, entre autres compensations, des petits plaisirs mesquins que nous pouvons nous offrir grâce à l'indiscutable puissance de notre pensée et à notre recul inoxydable. L'une de ces activités condescendantes est la lecture hilarante des descriptions que les groupes peuvent faire d'eux même sur un Myspace. Comme tout acte de communication qui se respecte, ces épopées héroïques n'hésitent pas à en rajouter une grosse couche, laissant sur le coté toute trace de pudeur ou même de véracité. Après un petit myspassage chez New Device, difficile de rester de marbre : le groupe serait un héritier de Metallica, Guns'n'Roses, et Aerosmith, ces fameux "groupes de stades".
L'amateur un temps soit peu éclairé peut alors se demander ce qui rassemble le premier groupe aux deux suivants. La réponse se trouve dans la suite de leur émouvante biographie avec la nouvelle évocation d'une présence scénique "de stade". Nous y voilà, point de filiation musicale, mais la même volonté de tout casser, de vendre mieux, jouer plus fort. Bref la sempiternelle volonté de pisser plus loin que le voisin qui parvient à faire naviguer la musique rock sur de si nombreux courants. D'ailleurs, dans cette grandiloquence, le groupe se rapproche musicalement bien plus des superstars de Def Leppard, avec cette même tendance au mid-tempo un peu sucré.
Amusant donc, mais derrière ces jolis mots, que se cache-t-il ? Pas grand chose malheureusement. Après Def Leppard, les groupes qui viennent tout de suite en tête sont Bullet For My Valentine et My Chemical Wedding (deux groupes avec lesquels New Device tourne). Donc un hard rock musclé et un peu superficiel, vaguement teinté de metal alternatif et de ce courant plus esthétique que musical qu'est aujourd'hui l'emo. Pas la moindre trace de blues ici (contrairement à ce qui est prétendu sur leur Myspace). Les riffs saturés et - il faut le dire - un peu plat alternent avec des arpèges mélodieux au gré des tempos. Du bon hard de fonctionnaire quoi.
Certains titres sortent quand même du lot comme 'Make My Day' et 'Takin Over', et les balades sont mieux amenées que la moyenne. Mais globalement, la qualité baissant au fur et à mesure du disque et des écoutes, l'intérêt s'évapore et les promesses sont anihilées par la déprimante vacuité d'un disque qui n'a rien à raconter. Certes, certains refrains ou soli resteront en tête mais tout cela reste très médiocre. Médiocre ne veut pas dire nul, attention, mais c'est l'un des pires écueils en musique : ce que propose New Device glisse sur l'auditeur comme la millième publicité de la journée, désespérément inoffensive.
En confrontant les délires du Myspace à la réalité d'une vingtaine d'écoutes, force est de constater que New Device est un produit de 2009, comme tant d'autre, gonflé des défauts qu'il dénonce chez les autres pour se mettre en avant, vendant une image, misant tout sur la passivité d'un consommateur en quête de concept et non de contenu. New Device passera peut-être quelques mois sur MTV, tard le soir...