Blackwater James est une jeune formation américaine originaire de Nashville. Si la renommée de cette ville est grande, notamment par le biais de son country music Hall Of Fame, ce nouveau groupe ne partage pas tout à fait la même motivation envers ce genre musical qui a néanmoins fait de Nashville sa capitale.
Le membre fondateur de ce nouveau groupe, Christopher James, a pourtant déjà pas mal bourlingué dans divers combos dont les propos musicaux, eux aussi, n’ont pas grand chose à voir avec le style "country music". Enfin parvenu à s’entourer de musiciens dignes de confiance, le guitariste / chanteur n’eut plus qu’à trouver un nom pour parvenir à ses fins. Rien de vraiment exceptionnel jusque là, mais les premières notes déversées par le quatuor en disent long sur sa volonté de sortir de l’anonymat.
Blackwater James a choisi la voie du hard rock bluesy à forte consonance du Sud. Entendez par-là une mixture explosive qui n’est pas sans évoquer les grandes heures de légendaires formations anglo-américaines comme Foghat ou bien encore les trop méconnus Savoy Brown. D’ailleurs, la tessiture vocale assez claire de Christopher James se rapproche de celle du regretté chanteur "Lonesome" Dave Peverett de Foghat, justement. Mais si une influence majeure de Blackwater James retentit sur ce premier album, c’est bien évidement celle d’un groupe incontournable dans le monde du southern blues rock, The Black Crowes. Toute proportion gardée bien entendue, car ce solide groupe du Tennessee dispose de suffisamment d’atouts et d’inspiration pour s’imposer comme un grand groupe de southern blues rock.
Justement, à propos d’atout, Blackwater James fait découvrir une six cordiste particulièrement incendiaire en la personne de Deanna Passarella. Son jeu de guitare abrasif et tout en feeling, "de la vielle école" comme diraient certains, insuffle aux compositions déjà bien consistantes une vigueur qui les rend très vite mémorables. Le trio masculin soutient d’ailleurs cette Calamity James de la guitare avec beaucoup de force, ce qui lui permet de s’épanouir pleinement sur ses nombreuses interventions à rendre envieux tout guitariste en herbe. Les onze titres rondement menés ne souffrent d’aucune baisse de régime, car débordant de riffs bien gras et saturés à souhait. Le type de construction des morceaux démontre toutes les qualités de soliste dont fait preuve Deanna Passarella, notamment sur les introductions chauffées au rouge puis également sur des breaks faussement calmes où la puissance de feu reprend de plus belle. Même la ballade qui clôture cette très intéressante découverte fait vœu de cette robuste charpente au moment de placer le solo.
Pour un premier album, Blackwater James a placé la barre très haute. Les musiciens s’affirment dans une atmosphère chaleureuse qui leur permet en plus de dégager une réelle identité. Ce disque direct et sans fioriture rappelle plus d’une fois les facettes pugnaces et indomptables qui émanaient de la première œuvre des Guns'N'Roses. Ce point de repère plutôt flatteur à l’égard d’un jeune groupe aussi prometteur est amplement justifié par son contenu. Cette galette a pour mérite premier de filer une sacré patate, quel que soit le type de journée qui s’annonce. Il ne serait donc pas étonnant que Blackwater James, en continuant sur cette lancée tonitruante, devienne à son tour une référence en matière de hard rock bluesy. Amateur de ce genre musical, cette prouesse ne tient qu’à vous…