Beaucoup de personnes s’accordent à penser que le Hard Rock français est né avec GANAFOUL et son premier album, « Saturday Night », sorti en 1975. S’il est vrai que le coté très Rock et très énergique de ce premier album rappelle fortement AC/DC, un groupe qui débutera à cette même période et avec qui GANAFOUL partagera la scène en août 1979, les lyonnais ne suivront pas le chemin tracé par leurs cousins australiens et évolueront plus vers le Blues Rock, comme en témoigne ce troisième disque studio, logiquement appelé « Side 3 ». Peu de temps après ce concert (probablement un des derniers de Bon Scott), le trio se rend au studio du château d’Hérouville en septembre 1979 pour donner un successeur à « Route 77, un album live capturé en septembre 1997 à la Maison du Peuple de Belfort.
Ce « Side 3 » est clairement influencé par la musique Blues Rock anglo-saxonne (GRATEFUL DEAD, CREAM, John MAYALL, FREE, certains albums des ROLLING STONES…), le groupe utilisant d’ailleurs l’anglais dans ses compositions. On y retrouve du Boogie Rock, avec des titres comme les moyens « Bad Street Boy, « Low Down inside » ou le très bon « Door 105 dont les parties de guitare slide ramènent à STATUS QUO, tandis que les vocaux évoquent ZZ TOP. Mais également des titres très Rock à la AC/DC, ou ROLLING STONES première période (la prise de son et le mixage de l’album est « l’œuvre » d’Anton Mathews, qui a déjà sévi pour la bande à Jagger), comme le très entrainant « Don’t Come In » et le plus minimaliste « Push & Pull ». « I’ve Got It Bad » préfigure même un improbable mais heureux mariage entre Les STONES et les CARS.
On y trouve en outre une petite surprise avec un « Sometimes » qui nous rappelle avec bonheur que le Reggae n’est qu’une variante enrichie du Blues. Ce morceau qui débute sur une rythmique et des vocaux typiquement Reggae coïncide avec la popularisation de ce style musical en France (le premier album de Bob MARLEY à bénéficié d’une distribution européenne date de 1973, mais 1977 marquera la sortie d’« Exodus » son plus gros succès).
Les guitares alternent les sons bien gras à des sonorités bien plus claires qui renvoient aux grands du blues et du Rock ‘N Roll que sont Chuck BERRY ou Little RICHARD. Le chant en anglais, assuré par l’ensemble du groupe, passe majoritairement très bien. Il est juste un peu dommage que le GANAFOUL n’ait pas plus capitalisé d’une part sur le type de voix utilisé sur le très bon « Door 105 » dans lequel le timbre éraillé et nasillard sied en effet à merveille à ce type de musique, et d’autre part sur la voix un peu trainante et très Sleaze Rock qui est utilisée sur « I’ve Got It Bad ».
Si l’on fait abstraction de l’aspect nostalgie qui auréole ce disque, il faut convenir que l’ensemble est très honnête et n’a pas trop vieilli (il faut dire que le style est assez intemporel). Si certains titres sont un peu légers, d’autres comme « Don't Come In », « Sometimes », « Door 105 » (Et « I've Got It Bad et « I Never Get Enough » à un moindre degré) sont réellement d’un très bon niveau et ce, malgré un son qui manque de dynamisme et de puissance. Au moment de sa sortie, ce disque n’avait d’ailleurs absolument pas à rougir de la comparaison avec ses homologues étrangers, et faisait plutôt figure de « tuerie ». Malgré cela, le groupe ne recueillera pas un retour fantastique suite à sa sortie qui marquera pour lui, le début de la fin.