Début 1989, endeuillé par la mort de leur guitariste, Hillel Slovak (d’une overdose d’Héroïne le 25 juin 1988) et handicapé par le départ de leur batteur Jack Irons, l’avenir des Red Hot Chilli Peppers semblait fortement compromis. Pourtant le groupe va sortir un de ses meilleurs albums à ce jour. Rejoint par Chad Smith aux baguettes et par John Frusciante aux guitares, les Red Hot Chilli Peppers vont essayer de terminer l’album alors déjà entamé avec le line-up original, et dont le titre de travail est alors "The Rockin' Freakapotamus".
L’orientation de cet album est résolument funky ce qui ne manquera pas de surprendre les personnes qui ont découvert le groupe avec les albums "Blood Sugar Sex Magic", "By The Way" ou bien "Californication". En effet, on ne parle pas ici d’un Rock avec quelques rythmiques Funk, mais bien d’un Funk très musclé auquel les guitares donnent une coloration Rock. De fait, le groove et la basse sont énormes et omniprésents. Sous les doigts de Flea, cette dernière claque de manière agressive et s’impose comme un instrument essentiel à la musique proposée par le groupe.
Le premier titre, 'Good Time Boys', qui est pourtant un des morceaux les plus Rock de "Mother’s Milk", résume assez bien la musique des Red Hot Chilli Peppers de cette époque. Le titre, très puissant et très rythmé, est brusquement interrompu en son milieu par un ensemble de bruitages et une énorme ligne de basse, avant de reprendre son cours. C’est de ce morceau qu’est tiré le nom du fan club du groupe, il n’y a qu’à écouter les 'RockinFreakApotamus' scandés ad libitum sur la fin du morceau pour s’en persuader. La suite est à l’avenant avec notamment une reprise de Steevie Wonder, 'Higher Ground', qui sera un grand succès pour le groupe au même titre que le mid tempo, 'Knock Me Down', tout comme 'Taste The Pain' et son vicieux riff de guitare ou encore 'Stone Cold Bush', un excellent morceau Rock rapide et nerveux, déchiré par un passage de guitare wah wah. L’énergie et la bonne humeur qui se dégagent de ce "Mother's Milk" sont d’autant plus surprenantes que l’enregistrement de ce disque ne s’est pas fait sans douleurs. John Frusciante, pourtant fraichement arrivée dans le groupe, ayant régulièrement tenté de limiter l’orientation trop Funk à ses yeux.
La plupart des morceaux sont courts et directs à l’image de l’instrumental 'Pretty Little Ditty' (dont la mélodie sera repris ultérieurement par Crazy Town sur leur hit 'Butterfly'), du hargneux et rapide 'Punk Rock Classic', ou bien de 'Magic Johnson', un hymne funky en hommage au basketteur américain. L’efficacité est ainsi toujours au rendez-vous à l'exception de 'Fire', une reprise survitaminée de Hendrix qui ne semble tout simplement pas être à sa place sur ce disque et 'Nobody Weird Like Me' qui n’est pas le plus indispensable des morceaux.
A ce petit bémol près, l’ensemble est une réussite totale et un parfait exemple de fusion réussie entre la puissance du Rock, le groove du Funk, et l’esprit déjanté et festif des Red Hot Chilli Peppers. "Mother's Milk" est l'album qui marque le début de la période dorée du groupe et annonce déjà les rouleaux compresseurs de l’ère Rick RUBIN que sont "Blood Sugar Sex Magic", "One Hot Minute" ou "Californication".